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Climat et bovins lait : un défi fourrager mais aussi zootechnique
Si le changement climatique pose la question de l’affouragement, le stress thermique vécu par les animaux préoccupe aussi les éleveurs. Non sans raison : les incidences zootechniques du réchauffement sont plus fortes que les impacts agronomiques, en grande partie contournables.
THI : voilà un nouvel acronyme né avec le réchauffement climatique. THI pour Temperature Humidity Index. « Il s'agit d'un indicateur reposant sur la température ambiante et l'humidité relative », indique Jean-Christophe Moreau, responsable de programmes au service fourrage et pastoralisme de l'Institut de l'élevage. « Il s'agit d'un indicateur zooclimatique, autrement dit un indicateur rendant compte du stress thermique subi par les animaux par fortes chaleurs. Un THI compris entre 68 et 78, correspondant une température de 28°C et à une hygrométrie normale, témoigne d'un stress léger, engendrant une perte de production de lait de 0,42 kg/jour. La perte grimpe à 1,1 kg/jour par 30°C et à 4 kg/jour au-dessus de 35°C ». Des résultats présentés à l'occasion des Journées scientifiques à Toulouse (Haute-Garonne), organisées chaque année par l'association Météo et Climat.
Un sujet sous-documenté en France
Des pertes en taux butyreux et protéique sont aussi à déplorer. Le stress thermique a également des incidences sur la reproduction avec un allongement des intervalles vêlage-vêlage et des avortements. Des pertes par morbidité sont aussi à redouter. Le cumul des incidences zootechniques tend à relativiser les impacts agronomiques liés au changement climatique. « Par rapport aux impacts zootechniques, certains impacts agronomiques ne sont peut-être que l'épaisseur du trait », poursuit Jean-Christophe Moreau. « En France, nous avons des progrès à réaliser du côté de l'instrumentation et des systèmes d'alerte ». C'est l'objectif du prolongement du programme Climalait pour les trois ans à venir, à l'initiative du CNIEL.
De nombreux leviers agro-économiques
La première phase du projet Climalait (2015-2017), impliquant le CNIEL, Arvalis, les Chambres d'agriculture, l'INRA, Météo France ou encore le BTPL, s'était focalisée sur les aspects agronomiques d'adaptation au changement climatique, en esquissant différents leviers en lien avec les évolutions attendues du climat, le tout sur 29 zones géographiques correspondant à des unités laitières agroclimatiques homogènes sur toute la France. Bonne nouvelle : les leviers d'adaptation sont potentiellement nombreux. Ils entrecroisent des tactiques de court terme (rallongement conjoncturel de la période de pâturage, mise en place de cultures dérobées...) et des stratégies de long terme (disposer de stocks de sécurité, mettre en place des cultures à double fin), des mesures prévention (modifier les périodes de mise bas, anticiper les réformes...) et de compensation (rations paille + céréales pour les génisses, contrats d'assurance...). L'Institut de l'élevage et l'INRA ont décliné leur expertise sous forme de jeu de plateau (voir encadré) destiné à confronter le point de vue des éleveurs et des conseillers. « Ce qui se dit entre éleveurs sur les leviers d'adaptation nous importe autant que le mesure de la sensibilité des différents systèmes aux crash-tests climatiques », conclut Jean-Christophe Moreau.