[Dossier spécial] Sécheresse 2018 : Adapter la conduite et l’alimentation des troupeaux

2018 souffre de la mauvaise conjonction d’un printemps trop pluvieux qui ne favorise ni la fauche des excédents ni l’implantation des maïs, suivi d’un été trop sec et trop chaud. C'est une situation redoutée des éleveurs. Dans le cadre de l’étude CLIMALAIT conduite avec des groupes d’éleveurs dans différentes zones de France, Elle est identifiée comme une des « combinaisons à risques » les plus étudiées. Les simulations effectuées dans le cadre de ce projet sur le futur montrent souvent que cette combinaison pourrait devenir de plus en plus fréquente. Comment réagir ? Comment adapter la conduite et l’alimentation des troupeaux ?

Un printemps 2018 trop pluvieux

La campagne fourragère de l'année 2018 a été marquée par un mois de mars froid et arrosé, avec des records en nombre de journées de précipitations. De ce fait le démarrage de la végétation a été plutôt tardif.

Avril a ensuite été marqué par des records de températures et mai par des records en termes d'épisodes orageux, avec un très fort contraste entre le Sud et le Nord en matière d'ensoleillement puisqu'il y a eu deux fois plus d'heures de soleil dans le Calvados que dans le Var.

Pendant toute cette période, les précipitations ont été supérieures aux normales saisonnières, et les températures ont été à près de 2°C au-dessus des normales saisonnières dans les 2/3 Nord et Est de la France. Les conditions étaient donc réunies pour que la pousse des prairies soit vigoureuse et même plutôt précoce. 

De fait, l'indicateur officiel de la pousse des prairies, à savoir ISOP (basé sur un modèle de calcul) ne faisait pas apparaitre fin Mai une baisse des rendements, bien au contraire. De l'herbe, il y en avait, mais le fait est que beaucoup d'éleveurs n'ont pas pu la récolter dans de bonnes conditions. Par ailleurs, de nombreux éleveurs n'ont pas pu semer les maïs aux dates habituelles pour les mêmes raisons.

Un été troc chaud et trop sec

En Juin, puis Juillet et Août, les températures sont restées très supérieures aux normales saisonnières (jusqu'à 4° au-dessus), mais avec des précipitations très contrastées : beaucoup de pluies au sud de la Garonne et dans une grande partie des Pays de Loire et de la Bretagne, mais un fort déficit de la Normandie aux Savoies en incluant les zones du Nord et de l'Est.

Dans ces zones, le manque de pluie et l'augmentation de l'évapotranspiration liée aux températures élevées ont desséché les prairies et acculé les éleveurs à décharger les herbages et à  puiser dans les stocks prévus pour l'hiver. Par ailleurs cela a créé des conditions peu favorables au rendement du maïs, qui à cette date est souvent déjà récolté, et même parfois à un taux de MS trop élevé.