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Le robot contribue-t-il à la qualité́ de vie au travail des éleveurs laitiers ?
C’est la question posée à 29 éleveurs laitiers du Grand Est. La réponse est positive, mais gare à ne pas devenir addict au smartphone et à son appli dédiée au robot. Au passage, le bien-être animal est aussi amélioré.
« L'implantation des robots de traite n'est pas sans influence sur la qualité́ de vie au travail des éleveurs. Dans l'immédiat, ils permettent à l'exploitant de prendre de la distance par rapport aux méthodes traditionnelles de traite Cette liberté́ retrouvée permet autant de réinvestir de nouvelles activités, analytiques notamment, que d'améliorer les rapports entre la vie professionnelle et la vie familiale ». Telle est la conclusion d'une enquête menée par l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail du Grand Est auprès de 29 exploitations laitières de la région, à laquelle étaient associés des organismes sociaux et les Chambres d'agriculture. Les éleveurs choisissent la traite robotisée pour éliminer l'astreinte horaire et la pénibilité́ de la traite conventionnelle. Cependant, le temps de travail peut être identique, voire croitre car cette nouvelle technologie entraine de nouvelles activités de gestion du matériel et de traitement des informations fournies par le logiciel.
Vaches plus calmes et plus productives
Le temps réinvesti dans les activités professionnelles se fait au profit d'une surveillance du troupeau plus fine et plus globale, via le smartphone ou l'ordinateur notamment. Ce temps peut être aussi utilisé pour gérer l'accroissement des activités administratives, pour diversifier les activités ou pour développer les temps sociaux. L'introduction du robot permet en effet de redéfinir les temps sociaux, familiaux et professionnels, souvent inextricables en traite conventionnelle. Le rapport à l'animal en est changé. La surveillance s'opère sur l'ensemble du troupeau tout au long de la journée à la fois en passant dans le bâtiment et via les données informatiques. Cette activité́, particulièrement mise en avant par l'ensemble des éleveurs, est l'une des clefs de compréhension qui facilite l'adaptation à ce nouvel outil et au nouveau rapport que l'éleveur a de son métier. Le robot est aussi l'occasion de repenser les conditions de vie et de confort des animaux. Ceci se traduit par un cheminement qui respecte mieux la logique des animaux, qui semblent plus calmes, moins sujets aux maladies et aussi... plus productifs en lait.
La charge mentale d'un cadre
En procédant à différentes analyses, le robot permet de détecter un certain nombre d'évènements indésirables. L'éleveur peut ainsi anticiper l'expression clinique des troubles de santé du troupeau. Et limiter, voire éviter des complications et des pertes de volume de production. Pour autant, cet outil entraine de nouvelles contraintes. La charge mentale peut s'intensifier sous l'effet de la masse et de la complexité́ des informations produites, de la nécessité de les trier et de les analyser, des difficultés à maitriser le logiciel, sans compter les dysfonctionnements et des aléas toujours urgents à gérer, la traite s'opérant 24 heures sur 24. Si le robot permet de libérer l'éleveur de la traite, ce n'est pas le moindre paradoxe que de voir celui-ci se transformer en « addict » du smartphone comme n'importe quel cadre d'entreprise. Reste à déterminer si cette hyperconnexion, qui est aussi une source de brouillage entre la vie professionnelle et la vie privée, est susceptible de générer des situations de type « techno-stress ».