[En pratique] Taille douce de la vigne

Face aux problèmes de dépérissement des vignobles français causés notamment par les maladies du bois, des viticulteurs modifient leurs pratiques de taille au profit de techniques permettant d'augmenter la vitalité des pieds de vigne. Pratiquer une taille respectueuse de la physiologie de la vigne a un impact non négligeable sur les maladies du bois, améliore l’homogénéité, la santé des plantes, et la qualité du raisin.

Cette méthode s’applique à tous les types de taille : guyots simples, mixtes et doubles, cordons, gobelets, lyres...

Physiologie de la vigne

Pour mettre en place une taille douce de la vigne, il est essentiel de s'intéresser à sa physiologie :

- Un cep de vigne se développe en empilant des couches concentriques de bois tous les ans. La pousse de l’année, génératrice de l’énergie de la plante, est connectée à la croissance annuelle en diamètre du bois.

- Les feuilles, sous l’effet de l’évapotranspiration, génèrent une tension d’aspiration dans les vaisseaux du bois, entraînant la circulation de la sève brute (eau et sels minéraux) des racines vers le feuillage. Une fois transformée en sucres nourriciers via la photosynthèse des feuilles, cette sève élaborée chargée de substances nutritives, redescend dans la plante au niveau de l’écorce.

- En plein été, il est possible d’enregistrer dans le bois des tensions dépassant 15 bars. La plante est donc un système hydraulique. Comme tout système acheminant de l’eau sous pression, l’étanchéité lui est indispensable.

- Le sarment de l’année est étanche et en liaison ininterrompue avec les vaisseaux qu’il a construit dans le bois. Ces vaisseaux nouvellement créés permettent la circulation annuelle de sève brute. Aux moments de forte circulation de sève, les vaisseaux des 2 ou 3 années précédentes sont utilisés pour faire circuler assez de sève brute pour le fonctionnement de la plante.

Une pratique de taille oubliant ce fonctionnement concentrique entraîne des pathologies liées à la circulation des sèves.

vigne

Principes de la taille douce de la vigne

La taille douce de la vigne met en œuvre les principes suivants :

- Grouper les plaies sur un même côté du cep pour limiter les complications dans la circulation de sève.

- Accepter et maîtriser un allongement minimum d’un bourgeon franc (inévitable sur une plante ligneuse).

- Adapter le palissage à la plante et non l’inverse (le palissage doit évoluer pour accompagner l’allongement progressif des plantes). Une réduction de bras généralisée sur le vignoble fait chuter brutalement les rendements et est suivie par une vague d’apoplexies quelques années plus tard. Remonter ou retirer un fil de palissage est moins coûteux et moins traumatisant pour la plante.

- Sur les tailles courtes (cordons et gobelets), accepter un allongement minimum d’un œil opposé à la coupe de l’année précédente ou tailler uniquement sur des bois d’un an en choisissant systématiquement le second sarment sur les coursons de l’année précédente (sur cépages très fructifères de préférence).

- Ne plus raser les plaies de tailles et permettre leur recouvrement.

- Eviter les grosses plaies de tailles et réductions régulières.

- Grouper et gérer les successions de plaies de taille.

- Garder un maximum de cambium vivant par la conservation de « tire sèves ».

- Adapter la charge en raisins au potentiel de vigueur.

- Maximiser l’utilisation de l’espace photosynthétique et prophylactique.

- Construire des palissages au service des plantes.

- Mettre en œuvre des travaux en verts, vertueux !

Savoir réaliser de bonnes plaies de taille

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