Millésime 2017 : anticiper les difficultés pour ne pas les subir

Beaucoup de vignerons s’inquiètent de la baisse prévisible de leur chiffre d’affaires. Des mesures peuvent être mises en œuvre pour limiter les difficultés des exploitations. Cerfrance Drôme Vaucluse présente son plan d’action.

La vendange 2017 est maintenant terminée. Pour beaucoup la quantité de raisins récoltée est en forte baisse. Si certains sont épargnés, la plupart se demande comment ils vont pouvoir franchir le cap de ce millésime. S'il n'y a pas de solutions miracles, une anticipation des difficultés va permettre d'identifier des actions à mettre en œuvre. Elles aideront l'exploitation à mieux résister face à la chute de son chiffre d'affaires.

Quelle est l'ampleur du déficit budgétaire ?

La première mesure à entreprendre, et la plus simple, est de chiffrer les conséquences de la perte de récolte sur la situation financière de l'exploitation. Est-ce que ce millésime 2017 va pouvoir couvrir les charges de fonctionnement et les besoins financiers ? Quelle est l'ampleur du déficit budgétaire ? À partir de cette estimation, deux cas de figure sont possibles. Soit l'entreprise dispose de ressources (utilisation d'épargne, baisse de charges...) pour faire face à cette perte, soit elle n'en dispose pas. Il faut alors trouver de nouveaux financement ou réaliser une restructuration financière. L'erreur à éviter est de laisser la situation se dégrader et de devoir négliger l'entretien des vignes. D'autant que les taux d'intérêts bas peuvent permettre de réaliser une restructuration financière à un faible coût.

Revoir sa stratégie commerciale

La seconde action consiste à revoir sa stratégie commerciale. Pour les domaines commercialisant leurs vins en bouteille, se pose la question de limiter les pertes en appliquant une hausse sur les prix de vente, avec le risque de perdre des marchés. Une telle solution est à envisager avec précaution. Mais elle pourrait être justifiée selon ses débouchés commerciaux, la situation financière, l'état des stocks. Un domaine commercialisant tout son vin en bouteille et ayant peu de stocks pourrait avoir intérêt à augmenter ses tarifs, perdre des marchés et ainsi reconstituer des stocks. Dans tous les cas il s'impose de faire le point sur sa stratégie commerciale pour décider le plus tôt possible des marchés à préserver et ceux qui peuvent être perdus. Si à court-terme il paraît évident d'abandonner un marché export moins rémunérateur, cela sera peut-être une erreur à moyen-terme.

Si ce n'est déjà fait, les domaines doivent s'interroger sur la création d'une société de négoce pour conserver leurs marchés en s'approvisionnant auprès d'autres exploitations. Cette solution doit être étudiée le plus rapidement possible. Il faut être opérationnel pour la mise sur le marché du millésime 2017.

Pour quelques-uns, ce millésime peut au contraire être synonyme d'opportunités commerciales. Les entreprises ne commercialisant pas encore tous leurs vins en bouteilles ou ayant peu de pertes de volumes pourront profiter du manque de vin pour développer leurs ventes de bouteilles. Peut-on imaginer que certains rachètent une partie de la clientèle d'autres domaines ? 

Anticiper les pertes dans les bilans

Les prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales) étant déterminés sur les résultat des années antérieures, des exploitations risquent de subir un effet ciseau : chute du chiffre d'affaires avec une hausse de ces prélèvements. Il convient d'envisager tous les dispositifs fiscaux existants pour anticiper au maximum les futures pertes dans les bilans comptables 2017.

La dernière action consiste en l'adoption d'une stratégie long-terme de gestion du risque climatique. La multiplication des accidents climatiques dans le vignoble français est révélatrice de l'importance croissante de ce risque. Il devient nécessaire d'intégrer le risque de pertes de récoltes dans la gestion de l'exploitation. La stratégie de gestion du risque pourra passer, selon les situations, soit par la constitution de réserves financières, de stocks de sécurité, soit par le recours aux assurances climatiques. Lentement mais sûrement des outils se mettent en place (VCI, DPA...) facilitant cette gestion du risque. Il reste encore à résoudre l'épineuse question d'un système d'assurance attractif pour les vignerons.