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Réconcilier l’agriculture et le cycle de l'eau
[Edito] A l’heure où, sur les fermes, la moindre goutte d’eau est vitale, mais où le trop-plein peut aussi être fatal, un certain nombre de pratiques peuvent être mises en œuvre pour gérer les excès et les manques d’eau sur les parcelles : c’est tout l’objectif de l'hydrologie régénérative, pratique visant à restaurer les cycles de l’eau douce par l’aménagement du territoire.
Trop d'eau ou pas assez : c'est malheureusement la situation à laquelle sont de plus en plus souvent confrontées les exploitations agricoles. Inondations, stress hydrique : cette alternance brutale est devenue la nouvelle norme climatique.
Les épisodes météorologiques sont de plus en plus intenses et les tensions pour les ressources hydriques ne vont faire que s'accentuer dans les prochaines années. Les faibles précipitations de ce mois de juin et les températures caniculaires de ces derniers jours ont amplifié la sécheresse des sols, qui est désormais étendue à une grande partie du territoire. Cette réalité n'est plus une projection lointaine mais notre quotidien.
Un constat alarmant mais pas une fatalité
La capacité des sols à retenir et infiltrer l'eau a drastiquement diminué depuis le milieu du siècle dernier. Grandes parcelles, sols nus, perte des haies et des mares, artificialisation des milieux, drainage… autant de pratiques qui favorisent l'érosion des sols, le ruissellement et au final, qui laissent l'eau si précieuse repartir vers les rivières et vers la mer.
Lorsque le fonctionnement du cycle de l'eau est optimal, seule 30% de l'eau de pluie est restituée à la mer par la rivière. Or, il arrive aujourd'hui que cette proportion atteigne plus de 70% !
Une approche systémique et régénératrice
Tous les moyens doivent donc être mis en place pour retenir l'eau à l'échelle des parcelles. C'est tout l'objectif de l'hydrologie régénérative, pratique visant à restaurer les cycles de l'eau douce par l'aménagement intelligent du territoire.
L'objectif est simple mais puissant : ralentir la circulation de l'eau. Cette approche se résume en quatre verbes d'action : ralentir, répartir, infiltrer et stocker. Chaque goutte d'eau qui tombe doit avoir le temps de pénétrer dans le sol plutôt que de ruisseler en surface.
Des solutions concrètes et accessibles
L'hydrologie régénérative ne se limite pas à des aménagements coûteux. Elle commence par la mise en place de pratiques agroécologiques : maintenir un couvert végétal, favoriser la vie du sol, implanter des haies, etc. Ensuite, des aménagements peuvent être réalisés pour retenir l’eau en excès : fascines, noues, plantations dans les courbes de niveau, terrasses… Ces techniques ancestrales, enrichies par notre compréhension moderne des écosystèmes, peuvent avoir des résultats très rapides.
Une dynamique déjà en marche
L'hydrologie régénérative est déjà à l'œuvre non seulement sur des exploitations agricoles pionnières mais aussi à l’échelle de collectivités pilotes. Sa richesse réside dans son caractère transdisciplinaire : agriculture bien sûr, mais aussi hydrologie, écologie, aménagement du territoire, urbanisme… Une manière pour les agriculteurs de se réapproprier la gestion de l’eau, développer des exploitations plus résilientes et tenter de moins subir les affres du climat.
>> Retrouvez le guide de l’hydrologie régénérative sur Pleinchamp