Grandes cultures : le point sur la récolte 2021

FranceAgriMer, Arvalis et Terres Inovia tirent les premiers enseignements de la récolte en céréales à paille, colza, pois, féverole. Les rendements moyens sont orientés à la hausse mais, selon les espèces et les secteurs, la qualité pâtit de la pluie et de l’humidité.

Blé tendre : protéines au rendez-vous mais poids spécifique altéré par les pluies estivales

Au 9 août, les récoltes s’achèvent au sud de la Loire, mais sont encore régulièrement interrompues par les pluies dans les autres régions. Le taux d’avancement de la moisson est inférieur à 50 % dans le tiers nord du pays, d’après le dernier rapport Céré’Obs de FranceAgriMer.

Selon Agreste, la production de blé tendre est estimée à 36,7 Mt, en hausse de 10 % par rapport à la moyenne quinquennale, avec des surfaces proches de la moyenne quinquennale (+2 %). Le rendement moyen s’élèverait à 74,2 q/ha (+8 % par rapport à la moyenne 2016- 2020).

Au plan qualitatif, les blés affichent des poids spécifiques irréguliers et en retrait par rapport au potentiel des variétés, sous l’effet d’une humidité persistante pénalisant les blés arrivés à maturité.

La récolte devrait être globalement satisfaisante sur le critère « temps de chute de Hagberg », même si certaines situations climatiques ont eu pour conséquence quelques faibles valeurs. Les conditions de fin de récolte restent néanmoins préoccu pantes localement.

Les teneurs en protéines sont généralement élevées voire très élevées dans le sud et l’ouest du pays, ainsi qu’en Alsace. Elles sont en moyenne satisfaisantes à bonnes dans les régions Centre Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Normandie, Hauts- de-France ainsi qu’en Champagne-Ardenne et Lorraine. Ces tendances régionales masquent néanmoins des disparités entre parcelles.

Orges d’hiver : rebond de la production par rapport à 2020

Quasiment terminée, la récolte d’orge d’hiver est estimée à 8,3 Mt selon Agreste, en hausse de 27 % par rapport à 2020, à surfaces quasiment égales à 2020. Malgré une météo capricieuse dès la sortie d’hiver, la mise en place des composantes de rendement (nombre d’épis, fertilité épis, poids de mille grains) a été globalement correcte à bonne dans toutes les régions. Le rendement moyen s’établirait à 69,7 q/ha (+12 % par rapport à la moyenne 2016- 2020).

Les teneurs en protéines, majoritairement situées entre 10 et 11 %, devraient satisfaire les utilisateurs brassicoles. Les poids spécifiques sont, quant à eux, assez faibles sur la quasi-totalité du territoire, sans incidence toutefois sur la valeur d’utilisation des orges pour les animaux. À l’échelle régionale, les calibrages sont corrects voire bons mais cachent, là encore, des disparités entre parcelles.

Blé dur : rendements satisfaisants mais qualité hétérogène

La production de blé dur, estimée à 1,6 Mt, augmenterait de 21,7 % sur un an mais resterait inférieure de 6,3 % à la moyenne quinquennale 2016-2020. Le rendement moyen (55,2 q/ha) augmenterait de 6,3 % par rapport à 2020 et de 5,1 % sur la moyenne quinquennale 2016- 2020. Les surfaces consacrées au blé dur atteignent 288 000 ha contre 252 000 ha l’an dernier soit une hausse de 14,4 % sur un an mais sont en retrait de 10,8 % par rapport à 2016-2020.

Cependant, la moyenne nationale cache une très forte hétérogénéité entre régions. En effet, si les rendements sont proches voire supérieurs à la moyenne quinquennale dans les bassins Centre et Sud-Est, ils sont en recul dans le Sud-Ouest et en Poitou-Charentes. L’indice de chute de Hagberg a été dégradé dans certaines régions à la suite des conditions climatiques de fin de cycle, particulièrement pluvieuses.

Concernant les autres critères de qualité, la situation est contrastée entre bassins de production, mais aussi au sein d’un même bassin. Les teneurs en protéines sont très élevées et les poids spécifiques (PS) corrects en Pays de la Loire et Poitou-Charentes, très élevées (protéines) et corrects (PS) dans le Centre, bonnes à très bonnes (protéines) et corrects à bons (PS) dans le Sud-Ouest et enfin bonnes (protéines) et très bons (PS) dans le Sud-Est où, Malgré les intempéries estivales, les taux de grains mouchetés et/ou mitadinés semblent relativement contenus.

Orges de printemps : rendements en hausse, teneurs en protéines satisfaisantes

Au 9 août, 80% des orges de printemps étaient moissonnées au niveau nationale mais seulement 42% dans les Hauts-de-France. Les rendements seraient en hausse à l’échelle nationale, à 63,2 q/ha contre 58 q/ha en moyenne sur 2016-2020. La production s’établirait à 3,4 Mt, en baisse de 13 % par rapport à 2020, sous l’effet de l baisse des surfaces (-32%).

Dans la majorité des situations, la teneur en protéines devrait satisfaire le marché brassicole. Les calibrages sont assez hété rogènes. Ils dépassent régulièrement 80 % voire 90 % en Poitou-Charentes.

Colza : rendement 35 q/ha, des grains germés

Au 9 août, 85 % de la récolte française de colza est assurée. Le rendement national devrait dépasser 35 q/ha.

La production globale devrait s’établir autour de 3,3 Mt, niveau équivalent à celui des deux dernières années, malgré une baisse des surfaces de 15% au niveau national sur la même période.

En dépit de difficultés climatiques et d’attaques de ravageurs tout au long de l’année, les dernières semaines, favorables à la nouaison et au remplissage, permettent d’atteindre dans de nombreux cas un rendement dépassant les espérances. En parcelles saines, certaines exploitations du Centre et de l’Ouest enregistrent des records à plus de 50 q/ha. Ailleurs, les rendements varient entre 20 et 35 q/ha selon les difficultés rencontrées et la qualité des terres.

Des grains germés ont été observés dans une partie des récoltes de l’est de la France, de façon significative sur certains territoires. La teneur en huile de la collecte est pour l’instant estimée dans la moyenne des dernières années ou légèrement en retrait.

Pois : une fin de campagne décevante

Avec une sole d’environ 200 000 hectares, la récolte nationale 2021 de pois protéagineux (hors pois issus de mélanges avec des céréales) devrait être en hausse par rapport à l’an passé, et dépasser 650 000 tonnes. Le rendement moyen, tous pois confondus, s’établirait autour de 33 q/ha.

Après des implantations et un début de cycle plutôt bons, les épisodes de gel et de sécheresse printaniers ont entamé le potentiel sur fond de bactériose, avant de laisser place à une période de floraison longue et bénéfique.

Néanmoins, depuis la mi-juin, l’épisode de températures fraîches et de pluies fréquentes et abondantes, toujours en cours sur le territoire au 5 août, a favorisé les maladies de fin de cycle et entraîné des verses importantes ainsi que des pertes à la moisson.

Le poids de mille grains (PMG) serait en retrait et la qualité des lots hétérogène que ce soit en termes de qualité visuelle comme d’humidité et d’impuretés.

Le pois de printemps pourrait, cette année, s’en être un peu mieux sorti que le pois d’hiver dans certains secteurs.

Féverole : des conditions plus favorables pour les cultures de printemps.

La féverole d’hiver, prédominante en agriculture biologique et qui couvre près de 50 % des surfaces nationales (80 000 ha), a été très pénalisée par le gel d’avril et les maladies, notamment des viroses.

Le rendement moyen devrait être très bas, sous les 20 q/ha.

Pour la féverole de printemps, dont la récolte n’a pour ainsi dire pas commencé, le potentiel semble supérieur à celui des dernières années avec un nombre élevé d’étages de gousses mis en place à la faveur de températures fraîches et de conditions humides. Les conditions de remplissage des graines ont également été favorables.