Blé : un "millésime encourageant" après une moisson interminable

La récolte de blé tendre français, à près de 36 millions de tonnes et d'une qualité variable sur le territoire, est finalement un "millésime encourageant" en dépit des pluies de l'été, estime l'AGPB.

"La production 2021, évaluée à moins de 36 millions de tonnes pour le blé tendre, en hausse de 23% par rapport à 2020, permet d'offrir une respiration aux céréaliers français", a déclaré Eric Thirouin, président de l'Association générale des producteurs de blé (AGPB) le 7 septembre.

"Nous serons totalement en capacité de fournir l'ensemble des marchés, tant en blé tendre qu'en culture fourragère. Pas d'inquiétude de ce côté-là", a-t-il assuré. Les volumes estimés, associés à la hausse des cours ces dernières semaines, sont des indicateurs "encourageants" après des pluies d'été et une moisson "assez éprouvante" qui avaient douché les espoirs d'une récolte exceptionnelle.

Bonne nouvelle : "Après huit ans de disette, avec en moyenne un revenu à 6.000 euros annuel et par exploitation, (...) le revenu annuel avant impôt et après cotisations sociales pourrait avoisiner l'équivalent de deux Smics" (soit environ 30.000 euros, contre 14.000 en 2020), a souligné M. Thirouin. "Nous restons vigilants, tout peut évoluer", a-t-il aussitôt tempéré, ces prévisions dépendant du maintien de cours élevés et alors que les charges ne cessent d'augmenter : "+25% sur les engrais et +35% sur les carburants".

Qualité hétérogène

Quant à la qualité des grains, elle est "très hétérogène sur le territoire", notamment du fait des aléas climatiques, qui ont aussi pesé sur les rendements des exploitations. "Dans la Marne, 5.500 hectares ont été inondés et 1.900 hectares n'ont pas pu être récoltés. Dans l'Aisne, ce sont 10.000 hectares inondés et 2.000 hectares non récoltés", a rappelé Eric Thirouin.

Les producteurs de blé français ont par ailleurs fait part de leur inquiétude concernant les orientations européennes. "Une récente étude d'impact révèle que Farm to fork (de la ferme à la fourchette) est une stratégie de décroissance, avec à la clé une baisse de la production inacceptable de 13% d'ici à 2030", a affirmé M. Thirouin. Publiée fin juillet, cette étude du service scientifique de la Commission européenne dresse un tableau des conséquences attendues de cette stratégie adoptée par Bruxelles pour améliorer la qualité de l'alimentation européenne.

"Farm to Fork" prévoit notamment une baisse de 50% des pesticides chimiques d'ici 2030, une réduction de l'usage des fertilisants, et l'objectif de réserver au moins un quart des terres aux cultures biologiques tout en accroissant les surfaces en jachère ou rendues à la nature pour préserver la biodiversité. De son côté, la PAC mettra en place à partir de 2023 un système contraignant d'"écorégimes", primes récompensant les agriculteurs qui respectent des critères environnementaux exigeants.

Les scénarios esquissés mettent en évidence "des bénéfices environnementaux importants", mais "pas complètement quantifiés". Les modèles établis prévoient également "un déclin de la production agricole européenne". "La baisse des rendements associée à la montée en puissance de l'agriculture bio et à l'usage réduit de pesticides, va exacerber les effets de la réduction des surfaces cultivées", observe l'étude.