« Géopolitique du blé quelle place pour la France sur l'échiquier mondial ? »

Tel était le thème de la conférence organisée conjointement par la FDSEA de la Marne et le Crédit Agricole du Nord Est, durant la Foire de Châlons, animée par Sébastien Abis (1), auteur de « Géopolitique du blé. Un produit vital pour la sécurité mondiale ».

La croissance démographique inégale selon les régions du monde entraîne une hausse de la demande alimentaire particulièrement dans des zones où la production agricole ne suffit pas à nourrir la population.

Au regard des disparités grandissantes entre les pays capables de nourrir leurs populations et ceux contraints de faire appel aux productions extérieures pour couvrir leurs besoins, premier produit alimentaire, le blé se révèle être un marqueur des tensions géopolitiques mondiales.

Une culture ancestrale

Cultivé depuis des millénaires, assurant l'alimentation de base, le blé est à l'origine du développement agricole et de la naissance des civilisations antiques en Méditerranée.

Comme l'a rappelé,  Sébastien Abis dans son intervention, les grandes ruptures dans le monde ont toujours eu un rapport au blé, la révolution française, qui a suivi la guerre des farines et l'exaspération de la dîme, impôt sur le blé... La stratégie allemande qui visait à mettre la main sur les terres fertiles du bassin de la mer noire pendant la seconde guerre mondiale. Ou dans l'histoire plus récente, la pénurie de pain qui est à l'origine du Printemps arabe en 2011

Occidentaux, nous avons oublié que le blé est aussi précieux que le pétrole, son manque générant des déséquilibres, conflits et migrations.

Des bassins de production et de consommation qui évoluent

L'agriculture représente plus que jamais un sujet central pour l'équilibre de la planète, qui comptera prêt de 10 milliards de consommateurs à l'horizon 2050, alors que les limites  de la planète se manifestent, notamment le stress hydrique  qui s'accentue.

16 pays produisent 95 % du blé mondial. Avec 5% de la production mondiale de blé et 2% de surfaces cultivées, la France se classe parmi les 10 premiers producteurs  mondiaux.

Un blé français réputé par sa qualité mais qui doit toutefois affronter la concurrence  de la Russie, premier grenier à blé du monde depuis 2016.

Après une récolte 2016 catastrophique, le volume 2018, même s' il reste décevant va permettre aux céréaliers français de reconquérir des marchés perdus, notamment l'Afrique du Nord devenue cliente de la Russie.

Dans un marché où la production est en baisse, la qualité du blé français représente plus que jamais un atout.

(1)Sébastien Abis est chercheur associé à l'IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques, «  Géopolitique du blé. Un produit vital pour la sécurité mondiale » paru en 2015, a reçu le Prix du Livre de géopolitique jeune auteur 2017 EDF/Conflits. Il est aussi le directeur du Club Demeter, écosystème associatif du secteur agricole et agroalimentaire tourné vers les réflexions de long terme sur les défis planétaires liés à l'alimentation.