Les agriculteurs divisés sur la question du stockage hivernal de l’eau

Alors que Nicolas Hulot et Stéphane Travert se sont prononcés en faveur des « projets de stockage hivernal de l’eau », les syndicats agricoles ont réagi différemment à cette annonce du Gouvernement.

La FNSEA, JA, l'APCA et Irrigants de France« se félicitent de la volonté exprimée » par le ministre de la Transition écologique et le ministre de l'Agriculture. « Dans un contexte d'évènements climatiques de plus en plus brutaux, caractérisés par une sécheresse qui touche à ce jour de nombreux départements », l'ensemble de ces organisations agricoles estiment que le stockage de l'eau est « une solution indispensable à la pérennité des exploitations ». « Pertinence et durabilité seront les maîtres-mots » qui guideront la création de nouveaux projets, précisent-elles dans un communiqué commun.

La FNSEA, JA, l'APCA et Irrigants de France sont favorables à la création d'une « cellule d'expertise » qui s'assurera de « lever les blocages » sur les projets en cours et l'émergence de nouveaux. Toutes ces organisations attendent maintenant un « plan d'action quantifié » et un « calendrier défini ». 

L'irrigation, un gros mot ?

Les agriculteurs de la Coordination rurale sont pour leur part « très déçus » par l'annonce ministérielle. Au-delà du sujet des réserves d'eau, le Gouvernement a rappelé sa volonté de développer « une agriculture plus économe en eau ». « L'irrigation semble un gros mot dans la communication gouvernementale » alors qu'elle constitue « la meilleure assurance récolte » aux yeux du syndicat. La Coordination rurale craint qu'en développant « une agriculture plus économe en eau », on en vienne à cultiver encore plus de blé en France au détriment des surfaces en maïs, sans parvenir à le vendre.

Le syndicat rappelle que l'irrigation est utile pour produire du soja et donc réduire le déficit protéique de la ferme France. Tout comme l'irrigation permet de vivre « à de nombreuses petites fermes » en maraîchage ou arboriculture. Ainsi, « la ressource en eau doit être augmentée afin d'assurer la régularité de la production agricole » pour la CR.

Des réserves « pour une poignée de céréaliers »

Du côté de la Confédération paysanne, on estime les annonces d'hier « un peu décevantes ». « Les réserves de substitution ne sont pas une réponse à la gestion quantitative de l'eau », alerte Jean-François Périgné, le secrétaire national de la Confédération paysanne en charge de l'eau. Ce dernier précise qu'à la différence des retenues collinaires, les réserves de substitution sont remplies « avec de l'eau qui est pompée pendant l'hiver dans les cours d'eau et les nappes phréatiques ». Ce qui pourrait mettre en péril la recharge des nappes phréatiques ou avoir des incidences négatives sur les productions maritimes.

Jean-François Périgné dénonce le fait que ces réserves soient « hyper subventionnées » et qu'elles ne profitent qu'à « une poignée de céréaliers ». À ce titre, il réclame « une révision de la gouvernance de la gestion de l'eau ». Selon lui, il est temps de « changer l'orientation de l'agriculture », afin d'adapter les cultures au climat en évolution. À la place du maïs, ce dernier préconise de cultiver d'autres productions comme le sorgho ou les légumes secs. 

Pour en savoir plus : sécheresse : "développer une agriculture plus économe en eau"