Variétés Clearfield : pas vraiment clair...

A la veille des premiers semis de colza, la Confédération paysanne invite les producteurs à bannir les variétés porteuses de la technologie Clearfield, tolérantes à l’herbicide imazamox de BASF. La firme conteste l’interprétation que fait le syndicat de l’arrêt de la Cour de justice de l’UE et dénonce un procédé d’intimidation.

L'arrêt prononcé le 25 juillet dernier par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) était censé trancher le statut de variétés de colza ou encore de tournesol rendues tolérantes à l'herbicide imazamox par mutagénèse. La CJUE a effectivement tranché, en considérant que les variétés obtenues par mutagénèse après l'adoption de la directive 2001/18/CE, c'est à dire en 2001, étaient considérées comme des OGM, tandis que celles la précédant ne l'étaient pas, au motif que leur antériorité valait innocuité. Les organisations à l'origine de la procédure, dont la Confédération paysanne, se sont réjouies de la décision. « Cet arrêt vient confirmer que les organismes issus de mutagénèse sont bien des OGM », fait savoir la Confédération paysanne dans une lettre ouverte aux producteurs de colza, datée du 3 août.

OGM pour la Confédération paysanne

Poursuivant : « ils ne peuvent échapper à la réglementation que s'ils ont été traditionnellement utilisés pour diverses applications et si leur sécurité est avérée depuis longtemps. Ce qui n'est pas le cas des colzas Clearfield qui doivent eux respecter la réglementation OGM européenne, donc être évalués et étiquetés OGM ». Ce même 3 août, les Faucheurs volontaires étaient passés à l'acte en détruisant une parcelle de semences de prébase cultivées par un agriculteur de l'Hérault pour le compte de RAGT Semences, décrites comme naturellement résistantes à l'orobanche par le semencier. A la veille des premiers semis de colza, la Confédération paysanne invite les producteurs à bannir les variétés porteuses de la technologie Clearfield, tolérantes à l'herbicide imazamox de BASF. Aux mises en garde d'ordre agronomique (résistances à la matière active, problématique des repousses), le syndicat brandit des menaces d'ordres financier et juridique. « « Vous pourriez avoir plus de mal à valoriser votre récolte qui devra être étiquetée OGM. Vous pourriez être juridiquement et financièrement responsable en cas de contamination avérée de cultures voisines », est-il écrit dans cette même lettre ouverte.

Non OGM pour BASF

La réaction de BASF ne s'est pas fait attendre. Dans un communiqué publié le 7 août, l'entreprise affirme que « l'arrêt de la Cour de Justice de l'Union Européenne est clair : les solutions Clearfield utilisent des techniques de mutagénèse exemptées de la réglementation OGM (...). BASF tient à rappeler que toutes ses solutions sont homologuées et respectent bien évidemment la réglementation en vigueur ». Voilà pour l'aspect juridique. Au plan agronomique, la firme soutient que « les solutions Clearfield permettent, entre autres, de lutter efficacement contre les espèces invasives comme l'ambroisie, le Datura ou encore l'orobanche, préjudiciables en termes de rendements ou de santé publique (... ). De plus, en permettant d'intervenir sur des mauvaises herbes déjà levées, la technologie Clearfield redonne de l'autonomie aux agriculteurs en leur permettant de ne desherber que si nécessaire ». BASF indique que « la Confédération paysanne doit cesser les violences et intimidations contre les paysans et l'agriculture française ». Dans le Guide de culture Colza 2018 édité par Terres Inovia, quatre variétés Clearfield, sur un total de 90, figurent dans la liste des variétés évaluées et commercialisées pour la campagne 2018/2019. L'institut technique y réitère les préceptes agronomiques entourant leur usage (voir encadré).