Greenpeace hache menu les « lobbies de la viande »

L’association écologiste accuse l’Anvol, Inaporc et Interbev d’infiltrer les écoles, les cabinets médicaux, les réseaux sociaux et nos frigos pour nous inciter à consommer toujours plus de viande « industrielle », à coup de publicités « massives » et de « science-washing ». Gare à l’indigestion.

Greenpeace France publie ce 25 janvier un rapport dans lequel l’association dissèque les différentes pratiques d’influence (communication, publicité, lobbying) qu’elle prête aux trois interprofessions de la viande que sont l’Anvol, Inaporc et Interbev ainsi qu’à la Fédération des industriels charcutiers traiteurs (FICT). Interbev réalise un carton plein sur tous les critères de pouvoirs d’influence (lobbying, publicité, réseaux sociaux, écoles).

L’interprofession est en particulier ciblée pour son slogan « Aimez-la viande, mangez-en mieux », grâce auquel, selon Greenpeace, « elle s’approprie les préoccupations sociétales actuelles (climat, biodiversité́, bien-être animal) pour redorer l’image de la viande rouge et convaincre les consommateurs et consommatrices qu’en mangeant de la viande française, quel que soit le niveau de consommation et le modèle d’élevage dont elle est issue, on contribue à prendre soin de la planète et qu’il est inutile d’en manger moins ».

Une influence « tentaculaire », à tous les âges, dans toutes les sphères

Greenpeace accuse les interprofessions d’infiltrer les différentes sphères de la vie privée et publique, à commencer par l’école, les enfants étant décrits comme « la cible préférée », d’Interbev, usant de kits pédagogiques, d’animations, de BD, de cahiers d’activités, de visites de fermes etc., rentrant jusque dans les cantines et les cabinets des infirmiers et médecins scolaires.

Inaporc aurait un penchant pour les Millenials, à travers notamment sa campagne « Lets’l Talk About Pork ». Il faut dire que Greenpeace n’aime pas du tout le Porc Français (le label) « niant l’industrialisation des territoires sur nos territoires ». Du pain béni et du filet mignon pour Julien Denormandie, qui cite à l’envi «  les immeubles à cochons de 13 étages chinois », quand la taille moyenne d’un élevage français est de 170 truies, ou encore les élevages de poulets ukrainiens et brésiliens, aux antipodes de nos standards de production. Devant la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale le 18 janvier dernier, à l’occasion de la présentation du bilan agricole du quinquennat, il s’est payé une tranche de « viande de paillasse », désignant ainsi la viande artificielle qui « consiste à spécialiser des cellules et à leur injecter ce que l’on a mis des années à interdire dans l’élevage tels les hormones et les antibiotiques ».

Pas anti-spéciste, juste anti-industrie

Toujours selon Greenpeace, le corps médical serait quant à lui rassasié de lettres et de brochures signées des interprofessions, lesquelles participent « à de nombreux événements médicaux et de nutrition professionnels ou grand public ».

Les interprofessions useraient aussi du « science-washing », « l’art de détourner, interpréter, diffuser ou noyer des informations scientifiques pour défendre des intérêts privés », en pratiquant l’entrisme au sein « de nombreux réseaux scientifiques ».

A la lumière de son rapport, Greenpeace demande au gouvernement, aux scientifiques et aux professionnels de l’éducation de prendre leur distance avec les interprofessions de la viande, et notamment d’interdire leurs interventions dans les écoles ou encore de cesser le financement public de campagnes en faveur de la consommation de viande.

Greenpeace n’est pas antispéciste, l’association soutenant « les élevages paysans, intensifs en emplois, garants du bien-être animal et qui préservent les écosystèmes, le climat et notre santé. Le travail des éleveurs et des éleveuses écologiques contribue à nourrir la population et à maintenir certains équilibres écosystémiques : il ne s’agit donc pas ici de remettre en cause tout type d’élevage ou de viande, mais bien de dénoncer un système qui profite uniquement aux acteurs industriels ». Reste à savoir quels éleveurs se reconnaitront dans ce modèle.