Grêle : « les moissons sont faites ! »

Le secteur entre Vicq-sur-Nahon et Valençay a été victime de violentes averses accompagnées d’un orage de grêle dévastateur, le 11 juillet en soirée. Face au désarroi des agriculteurs, la FDSEA et les JA 36 ont invité le préfet, le 17 juillet, à Bagneux pour constater les dégâts et entendre les doléances de la profession.

Le rendez-vous était fixé à 8 h sur la place de l’église de Bagneux, le 17 juillet et de nombreux agriculteurs du canton ont répondu présent. Quasi tous touchés par l’épisode de grêle du 11 juillet, ils avaient à cœur d’échanger sur le sujet avec Thibault Lanxade, préfet de l’Indre et Rik Vandererven, directeur de la DDT 36. 

 

DES ANNÉES POUR NETTOYER LES PARCELLES 

Pour entrer dans le vif du sujet, ils se sont rendus dans la parcelle de blé sinistré de Mickael Brisset. « Les moissons sont faites ! », a résumé ce dernier amèrement. En effet, il ne reste que quelques épis vaillants dans le champ, tous les grains étant au sol et la paille brisée. « On va promener la batteuse pour monter quelques grains et éliminer la paille. Paille qui était promise à un éleveur de chevaux », a-t-il précisé avant d’ajouter « que le plus gros défi est à venir : gérer les pailles que la batteuse n’aura pas eues, les repousses de blé, la structure des sols due à l’excès d’eau. Ce qui sous entend plusieurs passages d’outils pour faire lever ce stock semencier, donc encore engager des frais, alors qu’il n’y a pas et n’y aura pas de trésorerie ». 

D’autres agriculteurs du secteur ont partagé leurs craintes car « pour se remettre des conséquences d’un coup de grêle, cela va demander des années. Ce sont plusieurs campagnes qui vont en pâtir », ont-ils fait savoir. Pour éviter de salir encore plus les parcelles, déjà envahies d’adventices en raison des conditions climatiques de l’année, les responsables syndicaux ont demandé à avoir recours à l’écobuage, « comme cela se faisait il y a encore quelques années. Cela permettrait dans les parcelles les plus touchées de faciliter la gestion de la paille et des adventices. Cette pratique facilitera le travail du sol qui s’en suivra », a argumenté Jérôme Tellier, le président de la FDSEA. Idée qui retient à l’attention du préfet et des services de l’Etat. 

"« pour se remettre des conséquences d’un coup de grêle, cela va demander des années. Ce sont plusieurs campagnes qui vont en pâtir »"

 

DES FOINS INEXPLOITABLES

 Le foin de la parcelle voisine est couché et est, pour l’heure, inexploitable. « On a fait un test de fauche pour voir, ça bourre en un rien de temps tellement tout est humide. Il faudra des semaines pour qu’il sèche », a témoigné l’exploitant de la parcelle. Sans parler de la perte de qualité du fourrage. « Pour les éleveurs, c’est la triple peine, cette année, sur l’ensemble du département, a souligné Mélanie Soulas-Barrault, président de JA36. En céréales les rendements ne sont pas au rendez-vous, les foins ne sont pas de bonne qualité, et de même pour la paille car trop humide ».

Le constat est alarmant pour toutes les filières animales : en bovin cela va jouer sur la reproduction, le poids et la santé des animaux ; en caprin, « comme en bovin, l’équilibrage de la ration va être un casse-tête. Il va falloir aller chercher des compléments ailleurs. Cela va influer sur la qualité du lait, sur les TP et TB, et donc sur le prix du lait », a illustré Philippe Barrault, trésorier de la FDSEA 36.  

Conscients de l’enjeu et de la perte de qualité des fourrages au fil des intempéries, le préfet et la DDT ont mis en place une dérogation sur la fauche des jachères. Rappelons que pour l’heure, seules les jachères déclarées comme telles par des éleveurs peuvent être fauchées afin de constituer un stock fourrager pour leur cheptel. « Mais ce que nous voulons c’est que cette dérogation soit valable pour toutes les jachères. Que les céréaliers puissent autoriser les éleveurs à faucher leurs jachères pour sauver un peu plus de fourrage », a lancé un agriculteur. 

"" En caprin, comme en bovin, l’équilibrage de la ration va être un casse-tête""

 

DES VITICULTEURS TOUCHÉS

Autre cri du cœur : celui de Pascal Lacour, viticulteur en AOP valençay et céréalier.  Sur ses 25 ha de vignes, les 8 hectares implantés sur la commune de Veuil ont été très fortement impactés par la grêle. « A Veuil, c’est la grêle qui a porté le coup de grâce mais sur le reste du vignoble, le mildiou se régale des conditions climatiques de l’année, avec les excès d’eau et d’humidité », a-t-il témoigné. En général, jouant sur deux tableaux, une des productions arrive à compenser la perte de l’autre. « Cette année, on est perdant dans les deux cas », a-t-il déploré. 

Durant plus de deux heures, devant des cultures hachées par la grêle (blé, maïs), les agriculteurs ont discuté plus ou moins à tour de rôle avec le préfet. Las des intempéries, ils ne cachent plus leur désarroi, « parfois on se sent désarmé ». Ils demandent des mesures concrètes, rapides et tangibles pour passer ce mauvais moment sans y laisser plus que des plumes.