Grêle sur maïs : diagnostic possible dans les prochains jours en Normandie

Vendredi 13 juin au soir, la Normandie a été touchée par des orages de grêle de manière hétérogène. Certains secteurs ont connu des grêlons de taille conséquente, couvrant le sol jusqu’à former un tapis blanc sur les parcelles. Quelles sont les conséquences pour les maïs ? Jusqu’au stade 3/4 feuilles, l’apex reste protégé sous le sol et la plante, toujours viable, peut repartir. Il faut attendre une bonne semaine depuis l’épisode climatique pour poser un diagnostic plus poussé, selon la reprise de croissance des cultures.

La journée de vendredi a été impactée par des orages (carte 1), avec des tempêtes de grêle de manière très localisées. Des abats d’eau ont été également conséquents.

Carte 1 : Décharges de foudre du 13 juin au 14 juin 2025

Source : Prévi+.frParcelle de maïs du côté de Flers (source : Maxime Paing)

Quels impact physiologique ?

Les maïs de ces secteurs sont pour la plupart au-delà du stade 8 feuilles – sauf dans le cas de semis un peu plus tardifs, comme cela peut être le cas en agriculture biologique. En dessous du stade 8 feuilles, l’apex est dans le sol, et donc, protégé des grêlons. L’apex est l’organe moteur du maïs produisant les feuilles, puis les organes reproducteurs. Si celui-ci est touché, la plante n’est plus viable. S’il reste indemne, la plante peut repartir.

Figure 1 : Position de l’apex par rapport au niveau du sol pour les stades précoces de développement

Pour vérifier si la plante reste fonctionnelle et viable (apex indemne), il faut attendre une bonne semaine. Si de nouvelles feuilles émergent, le maïs va repartir sans souci. Sinon, on peut vérifier l’état de l’apex en coupant les maïs : si celui-ci est bruni, c’est qu’il n’est plus viable.

Parcelles grêlées 5 jours après l’orage

Deux situations peuvent se présenter autour du 20-25 juin :

  • Les maïs sont viables, émettent de nouvelles feuilles, mais les anciennes feuilles sont lacérées, trouées … => aucun impact sur le rendement (tableau 2).
  • Certains maïs ne sont plus viables, soit en raison de l’apex touché, soit en raison de l’érosion due aux pluies importantes dans les parcelles en pente par exemple (maïs emportés dans le bas de parcelle) => la perte de densité de plantes induit une perte de rendement.

Tableau 1 : Estimation de l’impact de la grêle (pourcentage de pertes directes)

B : Biner dès que l’état d’humidité du sol le permet. Anticiper si possible une partie de l’apport d’azote à ce moment.
Ir : Augmenter le nombre de tours d’eau en diminuant les doses par apport, et surveiller les ravageurs (cicadelles, cirphis notamment), dans les systèmes avec conduite irriguée. Sinon, S ou Ab selon la date.
S : Un resemis serait à envisager si possible (selon date), sinon procéder en combinant B puis Ir.
Ab : Abandon de la culture (si pas d’assurance grêle).

Les pluies importantes ont pu battre les sols. Un binage peut s’envisager pour améliorer l’état de surface de sol et les échanges gazeux entre l’atmosphère et le sol.  Eviter temporairement des traitements phytosanitaires lors de la reprise de fonctionnement du maïs pour ne pas stresser la plante.

Zoom sur les essais de 2007

Une expérience avait été menée en 2007 pour connaître l’impact du gel sur le potentiel du maïs. La simulation du gel a été faite par une découpe des feuilles. Cette simulation peut également coïncider avec l’effet de la grêle. Résultat : avant 5 feuilles (apex protégé), malgré des feuilles découpées, les maïs ont conservé leur potentiel.

Tableau 2 : Expérimentation « simulation de dégâts de gel » - ARVALIS Le Magneraud (17) - Semis du 16/03/07

Pour les maïs avec plus de 8 feuilles, l’apex a pu être détruit durant la tempête => dans ce cas, la plante ne produira pas de fleur et d’épi.
Des talles pourraient être observées mais n’iront pas jusqu’au rendement.

Au stade 3-4 feuilles, l’apex (moteur du maïs) est protégé sous la surface du sol. L’impact de la grêle devait être négligeable.
>> La majorité des plantes repartent avec de nouvelles feuilles vertes : malgré des feuilles lacérées => aucun impact rendement.
>> Dans des cas extrêmes, si les plantes ne repartent pas ou ont été emportées par l’érosion du sol : la perte de densité de plantes.

Biner une fois que les maïs repartent et quand les conditions le permettent.

Éviter temporairement des traitements lors de la reprise de croissance des maïs pour éviter de stresser les plantes.

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