L’Alouette lulu, oiseau emblématique des vignobles

Cette alouette se repère au printemps grâce à son chant, « lululu », qui lui a valu son nom. Des mesures de préservation peuvent être mises en œuvre dans les vignobles pour sauvegarder cette espèce.

L’Alouette lulu est un passereau qui niche dans toute l’Europe excepté au nord des îles britanniques et au nord de la Scandinavie. Les effectifs sont en baisse depuis les années 1970. En Bourgogne Franche-Comté par exemple, 57 % des populations ont disparu depuis 2002 selon la LPO (Ligue protectrice des oiseaux). En cause notamment, certaines pratiques agricoles susceptibles d’écraser le nid que cette espèce, qui apprécie les vignobles et ses abords, construit au sol. La combinaison de sol nu et de couvert végétal semble être favorable à la préservation de l’espèce. Au-delà des pratiques de préservation, « il est très important que les vignerons puissent repérer les nids d’Alouette lulu lors des travaux dans les parcelles de vigne afin de devenir proactifs pour les protéger. Si un oiseau décolle au dernier moment dans les pieds du vigneron, il est probable qu’un nid soit là », remarque Mélissa Monthouel, étudiante en master Biodiversité, qui a réalisé une étude sur cette espèce en 2020 pour la LPO Anjou.

Caractéristiques

Description

L’Alouette lulu (Lullula arborea) appartient à la famille des Alaudidés. C’est une petite alouette (15 cm pour un poids de 30 grammes environ) avec le corps marron tacheté de beige. Les motifs de sa tête sont très marqués : sourcils crème se rejoignant derrière la tête, joues brun roux entourées de blanc. Quand elle est posée, on remarque sa queue courte et sur le côté de l’aile une tache noire encadrée de blanc caractéristique de l’espèce. Mais, c’est surtout son chant matinal et en soirée qui permet de la repérer (« lulululu » mais aussi « tiutiutiu » ou encore « yutututu »…). Ce chant émis en vol ou depuis un perchoir facilite d’ailleurs le repérage.

Mode de vie

L’Alouette lulu fréquente tous les types de milieux ouverts et semi-ouverts comme les pelouses sèches, les prairies, les cultures, les friches et les vignobles. L’essentiel de son activité est au sol mais elle se perche malgré tout régulièrement sur un piquet ou un arbuste par exemple. Elle niche au sol en aménageant un nid sommaire à l’abri de hautes herbes, d’un buisson ou d’un cep. Les pontes s’étalent de mars à juin. La durée d’incubation est de 15 jours et les jeunes restent au nid pendant 10 à 12 jours. L’Alouette lulu recherche sa nourriture au sol ou dans la végétation herbacée. Son régime alimentaire est mixte, granivore et insectivore, avec à la belle saison une prédominance pour les insectes.

Préservation

« Le vignoble abrite une grande partie de la population régionale d’Alouette lulu, observe Étienne Colliat-Dangus, chargé de mission à la LPO Bourgogne-Franche-Comté, les viticulteurs sont de précieux alliés pour la préservation de l’espèce. » Parmi les mesures à mettre en œuvre, un enherbement interrang (même restreint) est favorable à l’oiseau qui trouve ainsi des insectes dans l’herbe, et de la terre nue pour circuler. Les abords de parcelles laissées en herbe haute sont par ailleurs très propices à la nidification. Pendant cette période, souligne Benoît Marchadour, chargé de mission faune vertébrés à la LPO Pays de Loire, « il faut limiter autant que possible les passages mécaniques et en cas de tonte, préférer une coupe haute à environ 20 cm de hauteur ». Enfin, l’utilisation des pesticides doit être raisonnée autant que possible en raison de son effet délétère sur la ressource alimentaire de l’Alouette lulu.

Ne pas confondre l’Alouette lulu avec l’Alouette des champs qui est plus grande, avec une queue longue bordée de blanc. Le chant est également très différent.

Habitats : milieux ouverts, vignes, bocages. Elle est généralement absente des zones céréalières.

L’entretien de murets en pierres sèches, la présence de jachères, de buissons, de haies, de tas de bois et branchages sont des facteurs favorables à l’Alouette lulu car ces éléments du paysage peuvent servir de refuge pour les insectes.

En France, si l’espèce n’est pas présente sur la liste rouge nationale des espèces menacées, elle est cependant considérée comme menacée dans de nombreuses listes rouges régionales (Alsace, Bourgogne, Île de France, Limousin ou encore Nord-Pas-de-Calais).