L’Union européenne qui découvre à quel point elle est dépendante

La répercussion des hausses sur les produits finis (industriels ou alimentaires) ne pourra plus être supportée très longtemps par un consommateur qui a de plus en plus de mal à finir le mois.

La guerre en Ukraine n’a pas fini de dévoiler tous les dégâts collatéraux qu’elle génère. L’économie mondiale est déstabilisée avec des projections de plus en plus difficiles à appréhender. Au-delà de l’envolée des prix des énergies, des biens industriels ou de l’agriculture, la survie de nombreuses entreprises est en jeu, avec un risque majeur d’effondrement d’une économie qui devait pourtant passer une très bonne année 2022. La hausse massive et brutale du gaz et des hydrocarbures, ne peut être supportée ni par les transporteurs, les marins, les entreprises du BTP ou de travaux agricoles, les agriculteurs et tous ceux qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler. La répercussion de ces hausses sur les produits finis (industriels ou alimentaires) ne pourra plus être supportée par un consommateur qui a de plus en plus de mal à finir le mois.  

Ce schéma est valable pour tous les pays d’une Union européenne qui découvre à quel point ils sont dépendants. Dans une économie mondialisée, les risques les plus forts seront une nouvelle fois supportés par les pays les plus pauvres, et en grande dépendance alimentaire. Malheureusement, les experts alertent sur les famines que cela va générer dans les populations les plus exposées.  

Dans le monde de l’élevage, une grande mutation était déjà en marche avant le déclenchement de cette guerre. La pandémie de covid et les changements climatiques ont généré une très forte variation des flux mondiaux. La reprise chinoise a aspiré tout le marché. Les bouvillons brésiliens qui valaient 1,10$ en 2019 sont passés à 2,60$ avec des frais de fret maritime qui accroissent sérieusement leurs prix. Plus proche de nous, la production européenne a enregistré une accélération dans sa décheptellisation, que ce soit par des orientations politiques comme aux Pays-Bas, ou de dévalorisation économique en France ou en Allemagne. La courbe offre/besoin du marché s’est croisée, et a engendré une très forte inflation des prix de la viande partout en Europe. Ces prix enfin rémunérateurs auraient dû bénéficier à un métier au revenu des plus faible, et permettre un rebond de la production. Or, il n’en est rien, la hausse de tous les intrants a ponctionné toutes les marges de manœuvre. Les jeunes éleveurs ont de plus en plus de mal à s’installer. Alors que la demande va croissante, avec des pays qui vont devoir nourrir les nombreux réfugiés ukrainiens.     

La répercussion de la hausse des coûts de production sur les produits engendre une réouverture des négociations commerciales à peine clôturées entre industriels et distributeurs. Mais comment établir une feuille de route quand on ne sait pas où on va ?

L’analyse commerciale du marché de la viande fait également apparaître de grosses difficultés, notamment dans les frais de ramassage des animaux. Un ordonnancement rigoureux est souvent mis en place pour faire rouler les camions à pleine charge. Les industriels français ont des besoins qui se concentrent sur les viandes d’entrée de gamme pour la fabrication de viande hachée, mais c’est le cas également chez nos voisins européens. La demande en viande haut de gamme tend en revanche à fléchir face à la contraction du budget des ménages (notamment sur cette fin de mois). Cette tension n’est pas très encourageante pour les concours d’animaux de boucherie qui débutent cette semaine. Les animations commerciales seront impactées par un recul de la demande de certaines GMS qui n’ont plus de marge de manœuvre pour investir comme ces dernières années dans de grandes championnes.

L’an dernier, les concours avaient réuni seulement 2000 animaux, ils seront environ 2800 cette année sur les 17 grandes manifestations sous l’égide de la FNCAB (Fédération Nationale des Concours d’Animaux de Boucherie). En 2019 c’était près de 5000 animaux qui y étaient commercialisés.

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