La HVN, le discret signe de qualité qui s’invite dans la montée en gamme

En Limousin, l’abatteur transformateur boucher Plainemaison déploie le label Haute valeur naturelle (HVN) auprès d’un nombre croissant d’éleveurs bovins qui, outre une plus-value spécifique, sont confortés dans un modèle d’élevage durable. Une démarche bientôt répliquée en Aubrac par la même entreprise.

A l’heure où l’inflation à deux chiffres des produits alimentaires détourne certains consommateurs des produits sous signe de qualité (AB, AOP, IGP, Label rouge), enfonçant un coin dans la sacro-sainte montée en gamme, censée béquiller la compétitivité-prix, est-il bien raisonnable de pousser un signe de qualité dont la notoriété est inversement proportionnelle à la légitimité ?

Les trois piliers de la Haute valeur naturelle (Source : Solagro)
Les trois piliers de la Haute valeur naturelle (Source : Solagro)

Le signe de qualité en question, c’est la Haute valeur naturelle (HVN), un label reconnu par l’UE valorisant la diversité de l’assolement, l’extensification des pratiques et la densité des infrastructures agroécologiques. L’entreprise, unique à ce jour à avoir amadoué la HVN, c’est Plainemaison Aquitaine, filiale de Beauvallet, sise à Limoges (Haute-Vienne) qui sélectionne et transforme plus de 10.000 tonnes de viande limousine chaque année.

"Ce sont les éleveurs qui, régulièrement, nous sollicitent pour être qualifiés HVN"

L’initiative remonte à 2018 et recense à ce jour 870 élevages, en progression constante, couvrant plus de 100.000 hectares. « Ce sont les éleveurs qui, régulièrement, nous sollicitent pour être qualifiés HVN », souligne Philippe Bru, directeur général opérationnel de Beauvallet.

Présentations d’animaux, concours, ventes aux enchères et tables rondes baliseront les 3èmes journées limousines (Crédit photo : Beauvallet)
Présentations d’animaux, concours, ventes aux enchères et tables rondes baliseront les 3èmes journées limousines (Crédit photo : Beauvallet)

Les exploitations candidates sont soumises à un audit confié à l’association Solagro, qui a conceptualisé le label HVN à l’échelle de la France, tandis que Plainemaison fait de son côté certifier le maillon abattage, découpe, transformation. La viande HVN est commercialisée à parts à peu près égales dans trois circuits, (boucherie-charcuterie artisanale, GMS et restauration), notamment mais pas exclusivement, sous la marque Or Rouge de Beauvallet. « La qualification HVN est rémunérée à hauteur d’une centaine d’euros par vache », indique Philippe Bru.

"Les consommateurs ont aujourd’hui des attentes en matière de respect de l’environnement et du bien-être animal et le label HVN offre des garanties sur ces deux exigences"

Une viande mieux rémunérée donc plus chère à l’étal, un référencement en grandes surfaces qui ne cesse de s’étoffer, des éleveurs toujours plus nombreux à s’engager : la HVN défierait-elle l’inflation et les chausse-trappes de la montée en gamme ? « Quand on prétend commercialiser une viande de qualité, le minimum à garantir, c’est qu’elle soit tendre et savoureuse, répond Philipe Bru. Mais ce n’est pas suffisant. Les consommateurs ont aujourd’hui des attentes en matière de respect de l’environnement et du bien-être animal et le label HVN offre des garanties sur ces deux exigences. Et si l’on répond aux attentes des consommateurs, on peut apporter une plus-value à nos produits et à l’ensemble de la filière ».

Une viande mieux rémunérée donc plus chère à l’étal, un référencement en grandes surfaces qui ne cesse de s’étoffer, des éleveurs toujours plus nombreux à s’engager : la HVN défierait-elle l’inflation et les chausse-trappes de la montée en gamme ? (Crédit photo : R. Lecocq)
Une viande mieux rémunérée donc plus chère à l’étal, un référencement en grandes surfaces qui ne cesse de s’étoffer, des éleveurs toujours plus nombreux à s’engager : la HVN défierait-elle l’inflation et les chausse-trappes de la montée en gamme ? (Crédit photo : R. Lecocq)

L’entreprise ne se contente pas de bien faire. Elle s’attache aussi à le faire savoir, notamment à l’occasion des Journées limousines, trois jours de festivités qu’elle dédie à « l’excellence limousine », qui se déroulent chaque année à Limoges, le 3ème week-end d’octobre. Cette année, c’est l’eau, sujet de crispation s’il en est, qui au menu des tables rondes. Avec son logo HVN, Beauvallet ne prend pas de risque. « Sur le plan qualitatif comme quantitatif, nous avons des réponses très apaisées sur le thème de l’eau », indique Philippe Bru. Cette année, les tables rondes auront lieu le dimanche et non le lundi, histoire de convaincre plus sûrement le grand public des bienfaits de la démarche. Et qui mieux qu’une agence de l’eau, l’Agence de l’eau Adour-Garonne, pour crédibiliser un discours huilé et persillé autour des vertus environnementales de l’élevage limousin. A l’intention des éleveurs, l’agence de l’eau devrait par la même occasion faire la « promotion » des Maec auxquelles elle est associée et dont les ponts avec la HVN sont assez évidents.

Le concours des apprentis cuisiniers et bouchers est l’une des animations des Journées limousines, que Beauvallet organise à Limoges le 3ème week-end d’octobre (Crédit photo : Beauvallet)
Le concours des apprentis cuisiniers et bouchers est l’une des animations des Journées limousines, que Beauvallet organise à Limoges le 3ème week-end d’octobre (Crédit photo : Beauvallet)

Fort de ses engagements et de ses résultats, Beauvallet va répliquer la démarche HVN dans l’Aubrac à compter de 2024, à partir du site d’abattage et de transformation d’Argences-en-Aubrac (Aveyron), dont Beauvallet a repris l’exploitation en 2021, avec le soutien de la Région Occitanie et de la communauté de communes Aubrac Carladez et Viadène.