Beauvallet commercialise les premières viandes HVN

Le label Haute valeur naturelle (HVN) a été développé par l’association Solagro à la demande de plusieurs institutions européennes. Beauvallet s’en est saisi et compte déjà, dans le Limousin, 400 exploitations certifiées, auxquelles elle verse un bonus de 20 centimes d’euro par kilo de carcasse.

Et un label supplémentaire. Peut-être. Mais pas totalement nouveau. Et pas à la portée du plus grand nombre. « L’origine du concept HVN remonte à 2003, avec la résolution de Kiev adoptée par les ministres de l’environnement de l’Union européenne, déclare Philippe Pointereau, délégué au développement chez Solagro. Il s’agissait de caractériser et de cartographier les systèmes agricoles qui, par la nature même de leur activité, étaient conformes au maintien d’un haut niveau de biodiversité. C’est un concept très intéressant car il met la biodiversité au cœur des systèmes de production, dans sa globalité, quand Natura 2000  par exemple cible des espèces ou des milieux remarquables menacés ».

Pour finir, ni l’UE ni aucun État membre ne fera de la HVN le support de politiques publiques telles que la Pac, à l’exception des Plans de développement rural régionaux (PDRR), dont les procédures d’évaluation doivent intégrer l’évolution des surfaces en HVN.

Créée il y a 40 ans à Toulouse par trois les trois écoles d’agronomie, les lycées agricoles et l’INRAE, l’association Solagro, experte en énergies renouvelables et en agroécologie, est à l’origine de la méthodologie HVN et de son logo (Source : Solagro)
Créée il y a 40 ans à Toulouse par trois les trois écoles d’agronomie, les lycées agricoles et l’INRAE, l’association Solagro, experte en énergies renouvelables et en agroécologie, est à l’origine de la méthodologie HVN et de son logo (Source : Solagro)

Beauvallet, la première à valoriser la HVN

Solagro ne lâchera pas l’affaire pour autant et finalisera une méthodologie validée, par les instances européennes. Jusqu’au jour où, une entreprise privée, se penche sur la HVN. Basées à Pithiviers (Loiret) et spécialisée dans la sélection et la transformation de viande, Beauvallet dispose avec sa branche CV Plainemaison d’une implantation au cœur du Limousin, lequel ressort en vert vif sur la carte HVN. « Aucune entreprise n’avais manifesté son intérêt pour HVN, jusqu’au jour où Beauvallet décide de s’engager dans la démarche, déclare Philippe Pointereau. On a répondu favorablement à leur demande, en considérant comme positif le fait qu’une entreprise se mobilise au service de la biodiversité ».

"La HVN, c’est 1500 euros nets de plus-value annuelle, l’équivalent d’un troisième mois, voire beaucoup plus "

« Nos clients et nos consommateurs sont de plus en plus sensibles au respect de l’environnement, dans toutes les filières et particulièrement dans la filière viande, déclare Philippe Bru, directeur général opérationnel de Beauvallet. On a la chance d’être situé dans un territoire préservé qu’est le Massif central et le Limousin en particulier. Il nous a paru important de certifier le respect de l’environnement par la production de viande, pour répondre aux attentes de consommateurs disposés à payer le prix juste et pour créer de la valeur pour l’ensemble de la filière et donc pour nos éleveurs ».

Et c’est ainsi que depuis peu, des barquettes « Rouge Limousine » sont estampillées de la marque et du logo HVN déposés par Solagro. « La HVN, c’est 20 centimes de plus pour l’éleveur par kilo de carcasse abattue, déclare Philippe Bru. Si vous considérez qu’un éleveur limousin dispose en moyenne de 100 vaches avec un taux de renouvellement de 15%, c’est 1500 euros nets de plus-value annuelle, l’équivalent d’un troisième mois, voire beaucoup plus ».

Beauvallet a contractualisé sa viande limousine HVN avec une première enseigne de la grande distribution, à travers un contrat tripartite.

"L’addition d’Or Rouge et de Rouge Limousine permet potentiellement de mieux valoriser l’ensemble des vaches de boucherie d’une exploitation"

Beauvallet renforce ainsi sa démarcation, qui passait notamment par sa marque d’excellence Or Rouge, elle aussi inféodée à des exploitations en HVN depuis 2019 mais sans en afficher le logo, contrairement à Rouge Limousine. « L’addition d’Or Rouge et de Rouge Limousine permet potentiellement de mieux valoriser l’ensemble des vaches de boucherie d’une exploitation », explique Philippe Bru.

Les trois indicateurs de la HVN

La labellisation HVN repose sur trois indicateurs que sont la diversité de l’assolement, l’extensivité des pratiques et la présence d’infrastructures agroécologiques. Une note sur 10 points est calculée pour chaque indicateur. L’addition des trois notes permet d’obtenir un score HVN sur 30 points. Pour être éligible au label HVN, l’exploitation doit obtenir un score minimum de 14,78 points sur 30. Pourquoi cette note ? « C’est la note qui départageait la France dans un ratio de 75%/25%, répond Philippe Pointereau. L’Union européenne considérant que la HVN représentait grosso modo 25% de la SAU, la note de 14,78 correspond à la note minimale pour renter dans ce ratio de 25% à l’échelle de la France ».

La cartographie a pour effet d’opérer une discrimination à l’échelle communale. Pour renforcer la robustesse de sa méthodologie, Solagro réalise des audits en exploitation, à l’aide de son outil Dialecte, en ciblant notamment les plus grosses structures mais pas exclusivement, et sans s’interdire d’auditer des exploitations situées en dehors du périmètre HVN.

Beauvallet recense d’ores-et-déjà 400 exploitations en HVN et vise un effectif de 1000 à fin 2022, équivalant à un territoire de 150.000 ha.