La pomme de terre sous la pression internationale

Les estimations 2022 à la hausse des surfaces européennes de pomme de terre sont marquées par la précocité et le doute sur les rendements. Les emblavements 2023 sont déjà sous la pression de la réforme de la PAC et de la situation internationale.

Les premières estimations des superficies de pommes de terre plantées dans les quatre pays principaux de la zone NEPG (France, Allemagne, Belgique, Pays-Bas) font état d’une croissance de +2 %, soit une augmentation de 10 100 ha pour atteindre 507 300 ha. Par rapport à la moyenne sur cinq ans, l’augmentation est de +0,9 %. « A la fin de l’hiver et au début du printemps, les premières estimations laissaient pourtant envisager une diminution de la superficie de 2022, principalement en raison de coûts de production toujours plus élevés », commente le NEPG, Groupe des producteurs de pommes de terre du Nord-ouest européen.

Mais certains producteurs de pommes de terre féculières (Allemagne, France et Pays-Bas) et certains producteurs de pommes de terre destinées au marché du frais (Allemagne et France) ont modifié leurs débouchés pour produire des variétés frites ou pour la production de chips. Le NEPG anticipe également sur la réforme de la PAC et les coûts de production toujours plus élevés qui pourraient avoir une influence sur les emblavements 2023.

Selon l’organisme, les prix élevés du blé, du colza, du maïs grain et la hausse potentielle du prix de location des terres pourraient avoir une influence sur les futurs emblavements en pommes de terre. De nouvelles contraintes environnementales liées à la proposition de la Commission européenne de réduire de moitié l’utilisation des produits phytosanitaires d’ici 2035 pourraient également limiter les futures surfaces de pommes de terre et/ou décourager certains patatiers. Les producteurs estiment donc que le prix des contrats pour la récolte 2023 devra prendre en compte à ces augmentations.

Début de campagne précoce

La nouvelle récolte commence à arriver sur le marché alors que toute l’ancienne récolte n’a pas encore été commercialisée. Il s’agit principalement de pommes de terre hâtives (Allemagne et Belgique) en avance d’une à deux semaines par rapport à une année normale avec un nombre de tubercules/plante régulièrement plus faible. Dans certaines cultures de conservation (pour les variétés mi-hâtives), les premiers signes de sénescence étaient fin juin. Certaines parcelles de variétés de conservation ont fleuri plus tôt que d’habitude, sans fermer les rangs, ce qui signifie que la production potentielle pourrait être inférieure. Les aléas climatiques (coup de chaleur, fortes précipitations, sécheresse, etc.) passés, présents et futurs pourraient réserver d’autres surprises sur le rendement final et sur la qualité.