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Le flufénacet potentiellement utilisable jusqu’en 2026 ?
La Commission européenne a repoussé de 6 mois le retrait de l’herbicide, permettant potentiellement son utilisation en 2026. Substance phare du désherbage des céréales, le flufénacet est classé perturbateur endocrinien tandis que son métabolite TFA est un PFAS toxique pour la reproduction et largement présent dans les eaux souterraines à des niveaux bien supérieurs à la limite réglementaire.
Dans un règlement d’exécution publié au Journal officiel de l’UE le 21 mai, la Commission européenne a confirmé le non-renouvellement du flufénacet mais a repoussé au 10 décembre 2025 la date limite à compter de laquelle les Etats membres devront retirer l’autorisation de l’herbicide, en lieu et place du 15 juin comme prévu initialement. Le règlement réserve aux Etats membres la possibilité d’accorder un délai de grâce « au plus tard » jusqu’au 10 décembre 2026 pour éliminer les stocks, ce qui ouvrirait la voie à des usages jusqu’en 2026 voire en 2027, sous réserve que la France applique effectivement la date limite.
Problématique à double titre
Comme le mentionne la Commission européenne dans son règlement d’exécution, le flufénacet est « considéré comme un perturbateur endocrinien pour l’homme et les organismes non ciblés en ce qui concerne la modalité T (thyroïde) » et « qu’il n’a pas été démontré que l’exposition de l’homme et des organismes non ciblés à cette substance active contenue dans un produit phytopharmaceutique, dans les conditions d’utilisation réalistes proposées, était négligeable ». La Commission rappelle par ailleurs que le métabolite acide trifluoroacétique (TFA) du flufénacet est un « métabolite pertinent sur le plan toxicologique qui présente un risque important de contaminer les eaux souterraines souterraines à des niveaux bien supérieurs à la limite réglementaire de 0,1 μg/l ». En début d’année, une enquête de l’UFC-Que choisir et de Générations futures avait révélé que le TFA était présent dans l’eau potable de 24 communes sur 30 analysées.
Une carte en moins pour désherber les céréales
Le retrait du flufénacet va compliquer le désherbage des céréales à paille. Selon Arvalis, la molécule est la première substance anti-graminées utilisée en surface. Les alternatives reposent sur le prosulfocarbe, le chlortoluron, la pendiméthaline et le triallate, et de quelques substances complémentaires telles que le DFF et le bétflubutamide, sachant que plusieurs d’entre elles, comme le prosulfocarbe et la pendiméthaline, sont aussi sur la sellette. Quant au triallate, toujours homologué au niveau européen, il a perdu son AMM en France en attendant l’homologation de nouveaux produits. Selon Arvalis, « le désherbage risque d’être compliqué dans les situations d’enherbement important », justifiant plus que jamais « la remobilisation des leviers agronomiques pour aider la chimie à fonctionner », citant la rotation, le travail du sol et le retardement de la date de semis. « Il va cependant falloir les mobiliser sur le long terme, et surtout les combiner entre eux pour stopper les salissement des parcelles », prévient l’institut technique.