Le lin oléagineux en quête de producteurs

La filière escompte porter la sole à 50 000 hectares en 2024 contre 30 000 en 2021. L’Alliance Linoléa met en avant un itinéraire technique complètement maîtrisé et une contractualisation pluriannuelle garantissant les débouchés et amortissant les fluctuations du marché.

50 000 ha de lin oléagineux pour la récolte 2024 : c’est l’objectif que s’est fixée l’Alliance Linoléa, une organisation transverse qui regroupe le Gie Linea (sélection variétale), la coopérative Lin 2000 (multiplication des semences et soutien technique) et Semences de France (organisation de la production et débouchés). 50 000 ha, c’est la surface qu’occupait le lin dans les années 1990, quand l’espèce bénéficiait alors d’un soutien spécifique de la Pac. « A l’époque, la production de lin oléagineux s’est envolée mais les débouchés n’ont pas suivi, se remémore Xavier Bonnard, responsable filière chez Semences de France. La production est ensuite retombée à 5000 ha. Aujourd’hui, si nous visons les 50 000 ha à l’horizon 2024, c’est parce que nous avons les débouchés garantis pour 100 000 tonnes de graines de lin ».

Entre 500 et 560 euros la tonne

L’Alliance Linoléa s’est constituée en 2008-2009, quand l’envolée des prix des produits agricoles a de nouveau menacé l’équilibre de la filière, avec des soubresauts contrariant autant les intérêts des agriculteurs que ceux des industriels. Depuis, l’Alliance ne cesse de consolider ses bases techniques et son ancrage auprès de multiples organismes stockeurs (OS), avec une approche 100% contractualisée. Résultat : le lin oléagineux prend racine. Et si la graine surfe, comme l’ensemble des grains, sur l’envolée des prix des matières premières, ses promoteurs tentent de s’extraire de la conjoncture et de s’inscrire dans la durée, avec des contrats pluriannuels. « Pour la campagne en cours, on est sur des cours compris entre 500 et 560 euros la tonne, selon la nature des débouchés, sans exclure une prime conjoncturelle de 20 euros », poursuit Xavier Bonnard.

A travers le monde, le lin oléagineux est produit dans deux zones principales que sont le Canada d’une part et un bloc constitué de la Russie, de l’Ukraine et du Kazakhstan d’autre part, avec des productions qui se comptent en centaines de milliers de tonnes, à visée exportatrice. « La Belgique, via le port de Gand et ses cinq usines de trituration ont longtemps constitué un centre névralgique pour le lin mais l’appétit de la Chine pour la graine oléagineuse rebat les cartes et fait le jeu du lin « made » in France », argumente Xavier Bonnard.

Date de semis, septoriose et régulateur

L’itinéraire technique du lin oléagineux, qu’il soit d’hiver (70 à 80% de la sole) ou de printemps dans le grand quart nord-ouest, est parfaitement maîtrisé. « Les points de vigilance concernent le respect des dates de semis, notamment pour déjouer la vulnérabilité au froid, la maîtrise des adventices, la protection contre la septorisoe et la lutte contre la verse, déclare Denis Burlaud, en charge du développement technique au sein la coopérative Lin 2000. Les semis du lin d’hiver s’étalent entre le 15 septembre et le 10 octobre selon les zones. Le lin a la capacité de lever très vite, avec très peu d’humidité, dans des sols peu préparés, en étant insensible aux limaces et sans risque de bouchage des drains. La palette d’herbicides permet de maitriser l’ensemble de la flore. Pour assurer la récolte, un passage de régulateur s’impose, notamment sur le lin d’hiver, avec une application vers la fin mars quand le lin fait 30 cm, certains agriculteurs ayant tendance à sous-estimer le potentiel de croissance du lin, qui peut atteindre 80 cm fin avril ».

Moyennant 4 à 5 unités d’azote par quintal, le rendement cible du lin oléagineux est d’environ 20 q/ha mais il peut atteindre les 30 q/ha quand l’itinéraire technique est suivi à la lettre et les conditions favorables.

+0,7 quintal par ha et par an grâce à la génétique

Si l’espèce est mineure, elle n’est pas délaissée au plan génétique. Membre de l’Alliance Linoléa, le Gie Linéa, qui regroupe quatre coopératives spécialisées dans le lin (Agy Lin, Calira, Lin 2000 et la Coopérative de teillage du Plateau de Neubourg) investit dans la sélection, avec pas moins de quatre programmes ciblant le lin d’hiver et de printemps et des variétés brunes et jaunes. « Depuis la première inscription en 1995, la sélection a permis de gagner 0,7 quintal par hectare et par an, affirme Charles-Henri Biard, responsable multiplication et développement commercial au sein du Gie Linéa. Et comme en témoigne les dernières inscriptions, telles Merinos Attila et Cledor en type hiver, ou Justess, Marquise et Success en type printemps, l’amélioration génétique se poursuit ».

Pour l’Alliance Linoléa, le lin oléagineux constitue une source de diversification des assolements doublée d’une sécurisation des revenus. Le lin oléagineux est en outre un très bon précédent pour le blé.