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Vendredi 26/12/2025
Le porc bio en quête d’un avenir
Ces dernières années, la crise du bio a malmené de nombreuses productions, certaines plus durement que d’autres. C’est le cas du porc bio, qui était déjà une petite production, mais qui a dévissé très sévèrement depuis 2021. Tout n’est pas perdu cependant, car cette filière se caractérise par une très grande diversité, source de leviers d’adaptation.
S’il est une production qui illustre la dégringolade du bio post-covid, c’est bien celle du porc : entre 2021 et 2024, les abattages de porc bio ont chuté de près de 40 %. Dans cette même période, plus d’une centaine d’élevages naisseurs et naisseurs-engraisseurs de porcs bio ont cessé leur activité. En conséquence, le cheptel de truies bio s’est réduit, passant de 18 700 truies en 2020 à 15 849 en 2024. Elles ne représentent plus que 1,8% du cheptel français de truies.
Retour à la production de 2018 : enfin un équilibre ?
Aujourd’hui, nous arrivons vers la fin de ce déclin : les baisses ralentissent. La stabilisation, c’est peut-être pour bientôt : c’est le message qu’a voulu porter Antoine Roinsard, délégué général de la Fédération des organisations économiques bio (Forebio), dans sa présentation lors de la journée technique porc bio, organisée par l’Itab et l’Ifip, le 25 novembre dernier, dans les locaux du Crédit agricole Anjou-Maine au Mans.
« On arrive peut-être à un plancher. Depuis 2020, il y a eu des déclassements, des restructurations, des régulations de la production et de l’ajustement grâce à l’export qui a permis de limiter la casse. Aujourd’hui, environ 3500 porcs bio sont abattus chaque semaine. Le marché français se situe à présent à150 000 porcs bio par an. Cela équivaut à la production de 2018. Pour 2025, on peut espérer une stabilité des abattages », poursuit-il.
Le porc bio se porte mieux dans les circuits spécialisés et en vente directe
Dans son analyse, Antoine Roinsard souligne des tendances assez marquées : les ventes de porc bio (comme toutes les viandes bio) ont surtout diminué dans les GMS, et elles continuent de le faire. Le nombre moyen de références, qui n’était déjà pas très élevé en 2021, 9 références, est passé à 5 seulement en 2025. « Elles se concentrent sur le jambon et les lardons, avec un risque de déséquilibre matière ».
En revanche, du côté des vendeurs directs, les abattages semblent en légère hausse et les ventes sont désormais stables. Du côté des magasins spécialisés, on observe même un « regain de consommation » pour les produits de charcuterie bio, reflet d’une fréquentation accrue de ces magasins et d’un repositionnement tarifaire. Ce déplacement de la consommation bio vers la vente directe et les circuits spécialisés, est d’ailleurs observée pour tous les produits bio.
Il est sans doute un peu tôt pour dire que le porc bio est tiré d’affaire, « la prudence reste de mise », mais la moindre dépendance vis-à-vis des GMS, les quotas mis en place par les groupements de producteurs, l’exploration de nouveaux débouchés comme celui de la RHD (pour la valorisation des échines et des carrés par exemple), permettent d’espérer le retour d’un marché équilibré.
Miser sur la diversité et l’adaptabilité
Atteindre, puis garder cet équilibre ne pourra cependant pas se faire avec une « solution unique », car la filière du porc bio se caractérise par une importante diversité de ses producteurs, de ses modes de production et de commercialisation. « Il y a plus de diversité dans les 1% de producteurs de porc bio français, que parmi les 99% de producteurs conventionnels », expliquait ainsi l’un des éleveurs présents.
Qu’il s’agisse de génétique (races classiques, races en conservation, voire races spécifiques), de conduite alimentaire, de modes de naissage et d’engraissement (plein air total, partiel, bâtiments avec courettes), ou encore de circuits de commercialisation (long, courts, avec transformation…), on trouve en effet « de tout » chez les éleveurs de porc bio.
Cette diversité peut sembler une fragilité, car les producteurs représentent souvent de trop petites niches pour intéresser les fournisseurs (en génétique notamment). Mais elle est aussi source de richesse, car les éleveurs sont souvent bien adaptés à leur contexte local : certains éleveurs ne nourrissent leurs animaux qu’avec des sous-produits (parfois issus de leurs autres ateliers), d’autres pratiquent le pâturage tournant, d’autres, encore, ont construit leur propre abattoir… Des pratiques encore très minoritaires, mais qui témoignent d’une certaine vitalité.
Pour les aider dans la recherche de solutions, là encore adaptées à chaque contexte (par exemple, sur la non-castration en bio, sur la réduction de la mortalité néonatale, ou sur la mise en place de système de biosécurité efficaces…), des travaux de recherche appliquée continuent d’être conduits, notamment au sein de sites spécifiques : la station Porganic Inrae de Rouillé (86), la ferme expérimentale Inrae de Mirecourt (88), ou encore le nouveau bâtiment expérimental modulable, dédié aux engraissements alternatifs, de la station Ifip de Romillé (35).