Le programme Méthane 2030 fait la chasse au méthane entérique

Porté par l’Institut de l’élevage, l’INRAE et les Chambres d’agriculture, il vise à réduire de 30% les émissions de méthane des filières bovines d’ici à 2030, en ciblant tout particulièrement le méthane entérique.

A l’intérieur du rumen des bovins, les fourrages et les concentrés sont dégradés en acides gras volatils sous l’effet de micro-organismes. Une partie de l’hydrogène née de la fermentation entérique est ensuite converti en méthane (CH4) sous l’effet d’autres organismes. Ce CH4 est relargué dans l’atmosphère par éructation : c’est le méthane entérique. Selon l’Institut de l’élevage, le méthane émis par le rumen des bovins est responsable de 50% des émissions de gaz à effet de serre (GES) des exploitations bovines. A lui seul, du fait de l’importance du cheptel, il représente 5% des émissions nationales de GES.

Entre 1990 et 2020, les émissions de de GES ont diminué de 12% dans le secteur agricole, sous l’effet de la diminution de la taille du cheptel bovin (animaux moins nombreux mais plus productifs) et de l’optimisation de la fertilisation azotée. Mais pour atteindre l’objectif de réduction de 55% des émissions de GES d’ici à 2030, l’agriculture va devoir accentuer son effort de 9%, comme l’a annoncé la Première ministre le 22 mai dernier lors d’un Conseil national de la transition écologique.

11 millions d’euros sur quatre ans

C’est dans cette perspective que s’inscrit le programme Méthane 2030, porté par l’Institut de l’élevage, l’INRAE et les Chambres d’agriculture, à travers Apis-Gene et avec le soutien du pôle de compétitivité Valorial. Grâce à l’appel à projets « Résilience et Capacité Agroalimentaires 2030 » du plan France Relance, ce sont plus de 11 millions d’euros de R&D sur 4 ans, dont 5,2 millions d’euros financés par FranceAgriMer au travers de Bpifrance et 3,5 millions d’euros financés par Apis-Gene, qui vont être dévolus au projet. Objectif : réduire de 30% les émissions de méthane des filières bovines d’ici à 2030, en ciblant tout particulièrement le méthane entérique.

Les leviers de réduction

La conduite du troupeau, l’amélioration de la ration et l’incorporation d’ingrédient alimentaires : ce sont les trois pistes identifiées par l’Institut de l’élevage pour réduire la production de méthane entérique. Par conduite du troupeau, l’institut technique entend l’amélioration de la productivité par kilo de lait produit, sous l’effet de plusieurs leviers tels que la réduction des périodes improductives (se rapprocher du vêlage à deux ans, abaisser le taux de réforme et de renouvellement, améliorer la santé et la reproduction). En ce qui concerne la ration, l’institut explore la piste d’un renforcement de la proportion d’amidon (dans la limite de 25% de la matière sèche), des lipides ou encore des nitrates. Au niveau des prairies, l’introduction d’espèces riches en tanins (chicorée, sainfoin…) est jugée bénéfique. Une autre piste consiste à intégrer des additifs et autres ingrédients alimentaires, susceptibles de réduire la production d’hydrogène dans le rumen et in fine de méthane. Le dernier levier réside dans la sélection génétique car selon les scientifiques, il existe une variabilité génétique entre animaux.