Le scénario de la filière ovine se dessine pour les bovins

La France va perdre encore des centaines de milliers d’animaux dans la prochaine décennie. Les industriels ne couvriront plus leurs besoins, ce qui renforcera le niveau des importations.

Bovins de boucherie – Aujourd’hui beaucoup de monde se focalise sur la décapitalisation qui perdure depuis 2008 et qui s’est nettement accélérée depuis 2016. Cette fonte des effectifs a longtemps été la source de la couverture de la demande française en viande bovine et de la pression sur les prix par le secteur aval de la filière. L’équilibre offre demande était défavorable. Sauf qu’il y a un moment où cet équilibre est inversé. C’est ce que les acteurs de la filière martèlent actuellement. La France a basculé dans une sous-production, avec des mots forts quand la FNB annonce que nous allons manquer de viande. Sans les 25% de viande importée, ce serait déjà le cas.  

L’origine de ce désastre, tout le monde le connait : le revenu des éleveurs très bas qui n’attire plus les jeunes générations, le tout couplé à une pyramide des âges très défavorable. Alors que faire pour sauver ce qui peut l’être ? Dans un premier temps, payer à sa juste valeur les produits agricoles, donner de la perspective à un marché qui de toute façon sera confronté à la concurrence de nos voisins européens, si ce n’est d’autres pays exportateurs. Il faut également pouvoir définir ce qu’elle profile pour l’agriculture de demain. Faut-il des structures familiales qui assurent l’animation de nos campagnes et qui sont plébiscitées par la population, quitte à avoir des coûts de revient plus élevés, ou une agriculture plus offensive et industrielle qui permet dans ce cas d’avoir des tarifs plus en accord avec le budget des ménages.  Les Français semblent préférer le premier, tout en critiquant l’inflation des produits alimentaires.  

De toute façon, les prévisions de l’institut de l’élevage sont claires, la France va perdre encore des centaines de milliers d’animaux dans la prochaine décennie. Les industriels ne couvriront plus leurs besoins, ce qui renforcera le niveau des importations.  Nous avons déjà connu ce scénario avec la filière ovine, il y a une quarantaine d’années.  

Les éleveurs de demain, qui ont souvent des formations solides, auront certainement plus d’atouts dans leurs mains pour résister à la pression des industriels et des distributeurs. Chacune de ces branches a pris conscience de l’intérêt qu’elle a de protéger la production pour assurer leurs approvisionnements et couvrir la demande. C’est notamment le cas dans le secteur allaitant où les tarifs se sont sérieusement redressés depuis un an, même si ce gain a été sérieusement rogné par l’envolée des matières premières, en conséquence de la pandémie de Covid et de la guerre en Ukraine. Dans le secteur laitier, il y a encore des marges de progrès quand on regarde le niveau de valorisation chez nos voisins européens.

Les innovations technologiques, la robotique, une gestion très pointue des exploitations apportent des améliorations qui doivent être mises au crédit de l’organisation de la charge de travail et du revenu des éleveurs. Les contrats sont également de bonnes solutions dans certains cas, et s’ils se développent, c’est le plus souvent du libre choix de l’éleveur.   

Tous ces efforts ne vont pas sans le maillon indispensable de la consommation. Ces dernières années la mutation s’est accélérée vers des produits de plus en plus transformés. Les "équilibres matières » dans les abattoirs ont été chamboulés, avec de plus en plus de pièces nobles d’hier qui passent au hachoir. Cela n’a été permis que par la forte réévaluation de ces produits transformés. Les négociations commerciales (ou bras de fer) en cours avec les distributeurs sont importantes.

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