Les bruits de botte très inquiétants

La guerre déclarée par la Russie rappelle des souvenirs douloureux de notre histoire, 77 ans après le dernier conflit qui avait embrasé toute l’Europe. L’enclenchement des hostilités sur le sol ukrainien aura inévitablement des conséquences économiques importantes que personne ne peut encore mesurer sur les marchés des matières premières et des énergies déjà en très forte tension.

Le Salon de l’Agriculture a ouvert ses portes sous haute tension, car cette guerre et ses conséquences vont certainement bouleverser les scénarios établis. Les attaques antispécistes toujours menées par une minorité de personnes qui cherchent à capter une vision médiatique vont devenir bien dérisoire au regard de ce qui se passe sur le sol ukrainien. La visibilité d’ensemble du salon va également en être impactée, malgré le défilé des nombreuses personnalités politiques qui chercheront à grappiller des voix à quelques semaines des élections présidentielles.  Le débat de fond sur le revenu des éleveurs restera néanmoins le fil conducteur de la mise en place à marche forcée d’une loi Egalim2, dans laquelle un certain nombre d’éleveurs ne semble pas si pressé que ça de s’engager au regard de l’emballement des prix sur le marché de la viande. La mesure la plus controversée est souvent celle qui rend obligatoire ces contrats sur 3 ans et qui prive l’éleveur de liberté (sujet très cher aux Français). La guerre qui a éclaté cette semaine rend bien dérisoire toutes prospectives à 3 ans, même si les industriels semblent de plus en plus intéressés par la sécurisation de l’approvisionnement de leurs outils de production.

Cette dernière semaine de février, est également celle où les négociations commerciales amont/aval devraient se terminer. Or, tout n’est pas réglé !

Le monde de l’élevage est à un croisement historique où la dégradation de valeur subit pendant des décennies apparaît au grand jour. Dans un monde où les réserves de viande bovine paraissaient inépuisables, il y a encore quelques années, les industriels européens observent depuis quelques mois une chute importante des disponibilités de minerai nécessaire à l’alimentation d’une grande majorité des populations. Fort de ce rééquilibrage des forces, le marché de la viande connaît une envolée des prix jamais observée à ce jour. Cette fuite en avant très profitable aux éleveurs, doit se retrouver dans le prix à la consommation sans quoi les entreprises les plus fragiles seront misent en danger. En un an, le prix de la viande n’a progressé que de 4 à 5% sur les étals quand il a bondi de 30% dans les fermes. Ce phénomène ne touche pas que la France, le recul de la production de réformes laitières est notoire en Allemagne, aux Pays-Bas et dans les pays du nord de l’U.E. Les disponibilités à l’import sont moindres et converge vers une grande fermeté des prix dans un contexte où la guerre va bouleverser les équilibres. Les disponibilités sont faibles dans de nombreuses régions Françaises avec des éleveurs qui retardent leurs sorties (à la veille de la mise à l’herbe) pour profiter de cette envolée des prix. La dynamique commerciale est portée par le niveau de la demande en viande hachée pour préparer la rentrée scolaire.