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Mercredi 03/12/2025

Les entreprises de travaux agricoles pourraient encore faire davantage…

… si elles étaient davantage soutenues par les pouvoirs publics, selon Fédération nationale des entrepreneurs de territoires, qui rappelle que ses adhérents réalisent 90% des travaux délégués en agriculture et 80% des travaux d’exploitation forestière. Et que leur résilience a ses limites.

Toujours plus nombreuses, toujours plus actives, toujours plus pourvoyeuses d’emplois, toujours plus formatrices…. Bref, toujours plus indispensables. Tel est le constat qui s’impose après la présentation, lors d’une conférence de presse de la Fédération nationale des entrepreneurs de territoires (FNEDT), de quelques indicateurs témoignant du dynamisme des entreprises de travaux agricoles, ruraux et forestiers (ETARF). Jugez plutôt.

Tous les indicateurs dans le vert….

Le nombre d’entreprises a progressé de 8,4% au cours des 5 exercices passés pour s’établir à 22.764, profitant davantage aux ETA (+12,6% sur la période) qu’aux ETF (forêt), qui connaissent une érosion discrète mais continue depuis 2022, « conséquence des contraintes métrologiques de ces deux dernières années et d’incertitudes réglementaires », précise la FNEDT. Englué dans la crise, le secteur viticole est aussi à la peine, ce que ses représentants ont exprimé de vive voix à la ministre de l’Agriculture Annie Genevard lors de son passage au Sitevi le 25 novembre dernier.

Côté ressources humaines, une ETARF sur deux (52%) est désormais employeuse, c’est 10% de plus qu’en 2020. La masse salariale a progressé de 37,4% en cinq ans, pour atteindre 1,14 Md€ en 2024. Les CDI sont 39% plus nombreux tandis que le salaire de base moyen a progressé plus vite que le SMIC (+29% contre +14,8%), « signe d’une volonté réelle de fidélisation et d’attractivité dans des métiers en tension ». Avec 40% des salariés âgés de moins de 30 ans, « le renouvellement générationnel est assuré », se félicité la FNEDT, dont les adhérents accueillent également 3720 apprentis, faisant des ETARF « un acteur central de la formation professionnelle agricole et forestière ».

… mais des voyants à l’orange

Mais selon la FNEDT, l’ensileuse, la vendangeuse et l’abatteuse cacheraient, non pas le maïs, la vigne et la forêt mais des voyants à l’orange, sous l’effet des crises climatiques, sanitaires et économiques qui épargnent peu de filières et qui « entament la résilience » des entreprises. L’organisation évoque de hausses de prix de 25% des matériels de récolte en l’espace de quelques années et des dépenses d’entretien à l’avenant (+20%). Selon sa dernière enquête de conjoncture, près d’un chef d’entreprise sur deux juge sa trésorerie dégradée par rapport à 2024 et plus d’un sur deux (51%) reporte ses investissements. « Les tensions avec les clients augmentent : retards de paiement, renégociations de devis, pressions tarifaires » témoigne la FNEDT. « Sans soutien adapté pour l’ensemble des acteurs agricoles, c’est la capacité même des ETARF à absorber les pics d’activité des agriculteurs et à sécuriser les productions qui pourrait reculer » déclare son président Philippe Largeau. Et de réclamer, notamment, la carotte-marotte du dispositif d’allègement de charges salariales TO-DE.

La FNEDT demande par ailleurs la création d’un Observatoire national du machinisme agricole « afin que les acteurs publics et privés soient dotés d’un outil de pilotage pour mener l’atteinte des objectifs de souveraineté et de décarbonation ». Et jette un boulon dans la machine à subventionner les investissements individuels, une machine quelque peu grippée par l’hiver budgétaire. Plutôt « qu’encourager l’aide à l’achat de matériel », la FNEDT réclame « une approche plus concrète et efficace par des aides à l’usage ». « Premiers utilisateurs des agroéquipements de pointe, les entrepreneurs de travaux souhaitent être reconnus comme les professionnels indispensables qu’ils sont pour la diversité des modèles agricoles, la modernisation du parc, la compétitivité des filières, et la mise en œuvre des transitions », conclut la FNEDT.