Les campagnols terrestres reprennent leurs activités

Le campagnol terrestre poursuit son invasion notamment sur les secteurs de l'Artense et du Cézallier où sa forte présence est d'ores et déjà inquiétante. Parallèlement, le Ratron GW semble faire preuve d'efficacité.

Après une accalmie durant l'hiver, les activités de forage des campagnols terrestres reprennent. " L'Artense et le Cézallier sont les deux secteurs où la pullulation est la plus inquiétante. Elle est similaire à 2020" souligne Sandrine Laffont de la FDGDON du Puy-de-Dôme. Les dernières observations sur le territoire montrent une activité intense sur les communes de Tauves ou encore de la Tour d'Auvergne. "C'est plutôt calme dans les environs de Rochefort-Montagne." Dès que la météo le permettra, Philippe Bonhomme, président de la FDGDON 63, appelle les agriculteurs "à piéger et traiter sans attendre" et exhorte chacun à "respecter la législation en vigueur sur l'application du Ratron GW, la dernière molécule autorisée".
Situation encore délicate sur le Puy-de-Dôme
"L'année promet encore d'être difficile." Les campagnols pullulent encore dans bien des secteurs du Puy-de-Dôme dans lesquels on observe des "parcelles dévastées". Sandrine Laffont encourage cependant les agriculteurs à garder espoir "tout n'est pas perdu, on peut encore limiter les dégâts dans certains prés". L'ingénieure de la FDGDON conseille de passer un coup de herse ou d'ébouseuse "sans tarder", pour araser les tumulus. Le piégeage, la lutte chimique et préventive sont recommandés dans les secteurs en basse densité de pullulation tels que Rochefort-Montagne et le Livradois-Forez. "La situation est encore maîtrisable. Les agriculteurs doivent surveiller leurs parcelles et lutter précocement surtout contre la taupe qui favorise l'installation des campagnols." 
Contre celle-ci, le piégeage ou le gazage au Ph3 sont les seuls recours. Philippe Bonhomme exhorte ses collègues à "ne pas se laisser gagner". Agriculteur sur la commune de Tauves, les campagnols terrestres ont bien failli mettre son exploitation en péril. " La terre dans le foin alourdit les ballots mais ne nourrit pas les vaches ! Et quand une sécheresse s'installe par-dessus, vous n'avez pas d'autres choix que d'acheter du fourrage."
"Les renards et les rapaces ne feront pas tout le boulot "
Le président de la FDGDON est d'autant plus intransigeant sur ce point qu'aujourd'hui "des solutions existent pour se décharger à moindre frais de cette lutte contre les taupes". Le FMSE permet de couvrir jusqu'à 75% le coût du matériel et/ou les interventions d'organismes. Ils sont déjà plus de 250 agriculteurs du Puy-de-Dôme à avoir ainsi souscrit à des contrats de lutte. "Les gens se mobilisent de plus en plus précocement et collectivement" ajoute Sandrine Laffont. Dans plusieurs communes, des groupes d'agriculteurs se forment pour faire intervenir des sociétés spécialisées. Ce sont alors plusieurs centaines d'hectares qui sont piégés et/ou traités au printemps et à l'automne (voir encadré ci-dessus). "Aujourd'hui, nous avons tout ce qu'il faut pour lutter. Il n'y a plus d'excuse à ne pas le faire et il faut arrêter de croire que les renards et les rapaces feront tout le boulot à eux seuls" souligne Philippe Bonhomme.
Le Ratron GW efficace à 80-85%
L'achat et l'utilisation de la bromadiolone sont définitivement proscrits. Le Ratron GW est la dernière, et nouvelle, molécule encore autorisée en France contre le campagnol. Contrairement à sa prédécesseure, son utilisation n'est pas soumise à déclaration préalable et elle n'est pas dangereuse pour la faune non ciblée. Les appâts blés sont en effet enrobés de phosphure de zinc qui, une fois en contact avec les acides de l'estomac du rongeur, dégage un gaz intoxicant l'animal. Celui-ci meurt dans les minutes qui suivent et ensuite le gaz se dissipe.
L'application du Ratron GW est cependant soumise à quelques obligations. " La dose maximale d'application est de 2 Kg/ha/an. L'usage de la charrue ou de tout autre outil est interdit. Nous devons obligatoirement déposer le produit à la canne applicatrice et dans les galeries. Aucun appât ne doit subsister en surface !" Philippe Bonhomme assure, après avoir employé ce nouveau produit, une efficacité à "80-85% [...] je n'ai pas vu de nouvelles galeries une semaine après l'application". Le président de la FDGDON recommande d'utiliser le produit par "temps sec" pour optimiser son efficacité. Quant à la dose d'application, il ajoute "j'ai utilisé 4,5 kg pour faire 100 ha, on est loin de la limite".
Pas de miracle cependant. L'efficacité du Ratron GW se révèle amoindrie voire inexistante dans les parcelles très infestées.
Surveillance et recherche
La surveillance sur le territoire se poursuit grâce aux nombreux bénévoles de différents organismes agricoles. "Nous avons le réseau le plus dense d'Auvergne." Équipés d'une application élaborée par Vet Agro Sup, ils peuvent facilement renseigner leurs observations. Néanmoins, Philippe Bonhomme est peu satisfait du résultat. "Les bulletins d'alerte émergeant de cette application mettent trop longtemps à arriver jusqu'à nous. Or, nous avons besoin d'être réactifs pour être efficaces."
Enfin, les recherches autour du campagnols se poursuivent. "Les derniers résultats de l'Université Clermont-Auvergne autour de l'immuno-contraception sont encourageants" explique Sandrine Laffont avant d'ajouter " l'Union Européenne a en revanche rejeté toute nouvelle homologation de nouveaux anticoagulants".