Les FCO et la MHE pénalisent le commerce des animaux

Avec les différents zonages FCO et MHE, les mouvements d’animaux sont contraints au respect des règles sanitaires.

Conjoncture – La semaine dernière a été marquée par une extension brutale de la zone réglementée de la FCO3 et dans une moindre mesure de la MHE. Hormis les contraintes de mouvement appliqué dans les différentes zones régulées, c’est la santé des troupeaux ovins et bovins qui est menacée, avec des répercussions importantes pour les élevages touchés. Il est difficile de connaître l’étendue de la reprise du nouveau variant de la FCO 8 dans le Centre-Sud du pays, mais là aussi les impacts économiques sont forts.

L’État a réagi rapidement en mettant à disposition des vaccins gratuits pour la FCO 3 (avec un plan de vaccination volontaire). Dans une note, GDS France prévient qu’« Au vu des données scientifiques actuelles, ce vaccin ne permet pas d’annihiler la virémie (il ne permet pas d’empêcher un animal d’être infecté ou source d’infection) ». En revanche, ce vaccin permet d’atténuer l’expression clinique de la maladie et d’en réduire les conséquences économiques. Ces dernières sont dramatiques dans les élevages touchés notamment chez les ovins. Du côté de la MHE, l’extension de la maladie se poursuit, sans solution pour le moment. Le ministre de l’Agriculture, Marc Freineau, a annoncé que deux millions de doses ont été commandées par l’État et seront mises à disposition des éleveurs, avec une stratégie vaccinale qui ciblera les zones les plus touchées dans un premier temps. En ce qui concerne le nouveau variant de la FCO 8 dont le zonage avait été étendu à toute la France, mais qui reste concentrée sur le Centre-Sud du pays, la vaccination est toujours possible, mais elle reste à la charge des éleveurs.

Les mouvements d’animaux sont contraints. Les veaux de moins de 70 jours peuvent circuler vers les ateliers d’engraissement ou à l’export avec une désinsectisation préalable et une PCR négative. Pas de restriction pour les animaux destinés à l’abattage. En ce qui concerne les bovins maigres et les broutards (mâles et femelles), une PCR accompagnée d’une désinsectisation sont nécessaires pour entrer en zone indemne, quelle que soit la virémie. Sur le marché intracommunautaire, les envois vers l’Italie ou la Grèce sont possibles avec une PCR, mais l’Espagne a tout bloqué (à ce jour).

L’ensemble de ces dispositifs sont des contraintes de travail importantes pour les éleveurs, qui doivent regrouper les animaux, avec tous les risques que cela comprend. Les animaux, qui ressortent positifs aux PCR, subissent des moins-values importantes, avec une logistique et des replacements compliqués sur le territoire.

En cette période de rentrée et face à un consommateur qui se dit de plus en plus flexitarien, la communication à travers des émissions télé grand public ou des publicités joue un rôle très important, sans oublier la diffusion sur les réseaux sociaux auprès des jeunes générations urbaines qui montrent un attrait grandissant pour les produits transformés (steak haché…). Les jeunes générations mangent naturellement moins de viande à travers des messages distillés par les nutritionnistes, mais également par les institutions de plus en plus sous influence des filières végétales.

Mais force est de constater que le français reste attaché à nos traditions culinaires, car la viande qui est moins vendue dans les GMS est consommée dans les restaurants (sauf qu’elle n’est pas toujours française). Cette rentrée met de nouveau en évidence la volonté politique de réduire l’offre de viande rouge aux enfants qui pourront l’adorer. Les volumes écoulés vers la restauration scolaire restent néanmoins importants, avec de la viande française imposée par la loi Egalim, mais surtout par les parents.

Côté production, le monde de l’élevage allaitant profite d’un décalage important entre l’offre et la demande, alors que les industriels couvrent mieux leurs besoins en laitières dans l’attente des travaux d’ensilage de maïs qui se retrouvent nettement décalés par rapport à l’an passé. La valorisation des laitières qui fournissent plus de la moitié de la viande reste au cœur des débats, dans un contexte européen où l’offre est en repli. Les abatteurs bataillent toujours pour réduire les écarts de valorisation entre les prix français et nos voisins européens. Sur ce début de mois, les volumes sont en progression et correspondent mieux à la demande, mais les industriels auront à subir une nouvelle baisse des approvisionnements avec le SPACE qui se déroulera du 17 au 19 septembre et le début des ensilages de maïs. Sur les salons (Space et Sommet de l’élevage), de nombreux éleveurs passionnés seront mobilisés pour découvrir les dernières avancées technologiques ou plus simplement pour passer un moment de convivialité.

Dans un paysage marqué par le manque de prétendant à la reprise des fermes en cessation d’activité, il y a de nombreux jeunes éleveurs passionnés qui peuplent nos campagnes. Ils sont les forces vives de demain, avec des attentes certainement différentes de leurs aînés en termes de qualité de vie, et une tendance qui se dessine où l’autonomie alimentaire et la rentabilité vont prendre le pas sur la production à tout prix. Nos éleveurs font de très bons produits qui, s’ils sont bien mis en valeur chez des professionnels dignes de ce nom, trouvent une très bonne réponse auprès des consommateurs. La grande distribution détient de grands leviers d’orientation, car si les Français aiment la viande, le recul de l’offre dans les linéaires est progressivement remplacé par des produits qui laissent plus de marge.

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