Les industriels mettent la pression sur les laitières

Avec le début des vacances de Pâques, et la fermeture des cantines, les industriels de la viande ont sérieusement réduit leur activité et face à une offre plus abondante, ils font pression sur les prix.

Conjoncture – La contraction du budget des ménages, avec l’inflation des produits alimentaires et une tension sociale défavorable extrêmement tendue, a entraîné un très net recul de la demande en viande dans les magasins. Avec le début des vacances de Pâques, et la fermeture des cantines, les industriels de la viande ont sérieusement réduit leur activité. Dans le même temps, les importations à bas prix des pays du nord de l’Europe ne cessent de progresser face à des tarifs très concurrentiels. Le ciseau des prix tant redouté, entre les prix à la production/niveau de consommation, commence à prendre forme, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour les éleveurs.

Les écarts de valorisation des réformes laitières sur le marché européen sont conséquents. Aux Pays-Bas le marché de Leeuwarden cote les vaches P entre 3,70€ et 4,15€ et des O entre 4,05€ et 4,65€. En Allemagne, les vaches O3 se vendent autour de 4,15€ et les JB R ont chuté à 4,70€. Les écarts de prix avec l’ensemble de nos voisins européens se situent entre 0,30 et 0,80€/kg de carcasse en fonction des catégories. Cela se concrétise par des écarts de variations encore plus importantes dans le catégoriel ou le minerai. À titre indicatif, le cœur de Rumsteck prêt à découper (PAD) d’importation était côté à 8,45€ à Rungis. La majorité des viandes importées se retrouvent dans les restaurants ou la RHD, avec un impact direct sur la demande de viande française pour les abatteurs.       

Heureusement que les distributeurs restent axés sur le VBF, d’une part pour le soutien de l’élevage et surtout la peur de rétorsion de la production en cas de dérive. La tentation est pourtant grande vu les écarts de prix pour satisfaire une clientèle à bas revenu.

Depuis une semaine, les industriels français font pression sur les réformes laitières dans un contexte d’un marché mieux approvisionné depuis 3 semaines. La fin de la période comptable, et la contraction de la demande en lait de certaines laiteries conforte cette position.  

Cette pression des industriels sera-t-elle poursuivie pour réduire l’écart avec nos voisins européens ou l’équilibre offre/demande sur le mois de mai, redonnera-t-il un nouvel élan au commerce des laitières ?

Dans ce schéma de tension commerciale où les ménagères vont souvent au moins disant, les viandes bio ou labels ont de plus en plus de mal à trouver leurs places. Les réorientations de production sont nombreuses et doivent être accompagnées, mais cela ressemble à un grand gâchis surtout quand on regarde le désir des consommateurs d’avoir une alimentation saine et durable.

C’est tout le paradoxe d’une frange d’une population aisée qui veut une viande étique, mais qui ne veut pas en assumer le prix.

Le reflet le plus marquant de cette tendance est le recul de l’offre sur les concours d’animaux de boucherie pour les fêtes Pâscales (-15%). Cette année encore les tarifs ont très peu évolué, car la boucherie traditionnelle n’a plus de marge de manœuvre. Ces animaux haut de gamme sont pourtant les premiers touchés, par la forte croissance des coûts alimentaires et il est indéniable que les engraisseurs spécialisés, axés sur l’achat de maigre, vont revoir leurs copies.

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