Les prairies naturelles, alliées des éleveurs

C’est un fait. Nul ne pourra nier que dans le Massif central tout n’est que verts pâturages et vallées ondoyantes. La nature XXL s’offre au regard pour déployer une mosaïque de paysages entre vallons, plateaux, plaines ou encore tourbières. Parmi les plus typiques et les plus représentatifs de ce territoire, les prairies naturelles, ces prairies permanentes présentant un cortège floristique diversifié et spontané, n'ayant jamais été ni retournées, ni ressemées.

Véritables « or vert » pour la multitude de services offerts, les prairies naturelles sont présentes sur 70% du territoire. Un élément paysager majeur et identitaire du Massif central qui regorge d’une biodiversité faunistique et floristique incomparables.

Dans cet écosystème s’est développé un modèle d’élevage durable qui repose sur le pâturage à l’herbe. Des milliers de vaches profitent de cette foisonnante ressource : des vaches laitières pour la production de lait de haute qualité à l’origine des fromages et des vaches allaitantes pour la production de viande.

Un mode « extensif » qui garantit la préservation des ressources naturelles et le maintien de la biodiversité du territoire.
Explications...

© David Frobert

© Axel Bartout

Au cœur des prairies du Massif central

Les surfaces en herbe dans le Massif central représentent 2,6 millions d’hectares* soit 62,3% de la surface agricole (contre 29,5% à l’échelle nationale). Le Massif central constitue certainement à l’échelle européenne le plus grand ensemble géographique dominé par des végétations agropastorales et toujours en herbe. Et nul besoin d’être expert en botanique pour se rendre compte de l’exceptionnelle biodiversité que recèlent ces prairies ! Sur le massif du Sancy, au cœur de la zone AOP Saint-Nectaire, 40 types de prairies différentes ont été identifiés, présentant chacun jusqu’à 60 espèces de plantes : réglisse, thym serpolet, gentiane, airelles, cistre (fenouil des Alpes), bétoine officinale ou encore achillée millefeuille pour ne citer qu’elles. Et cette diversité floristique offre une capacité d’accueil des plus conséquentes pour les pollinisateurs et fait le bonheur des vaches qui pâturent les prairies. Le lait n’en est que plus riche !

*Source INSEE Auvergne, 2010

Un patrimoine paysan à préserver

Cette ressource est entretenue, depuis des générations grâce au travail des éleveurs qui, par leurs pratiques de fauche et de pâturage de leurs troupeaux, maintiennent l’entretien de ces paysages ouverts et verdoyants. L’existence de ces prairies naturelles (jamais retournées ni ressemées) à flore diversifiée en zone de moyenne montagne est le résultat de siècles de travail paysan et de fertilisation organique. Un héritage culturel et un patrimoine naturel et humain inestimables !

Pour Jérôme Goigoux, producteur fermier en AOP Saint-Nectaire à Picherande « L’utilisation des prairies naturelles fait partie de notre histoire ! Mes ancêtres ont entretenu ce patrimoine et aujourd’hui c’est à nous de continuer à maintenir des prairies de qualité pour faire vivre ma ferme et mon territoire ».

© David Frobert

© David Frobert

De nombreux services agricoles et environnementaux

Ces prairies naturelles offrent une multitude de services, environnementaux, sociaux et économiques à l’échelle d’une exploitation ou d’un territoire.

Pour les éleveurs, c’est une ressource non négligeable qui permet d’atteindre un niveau important d’autonomie fourragère et d’alimenter convenablement les troupeaux. Autre atout, les prairies naturelles du Massif central stockent plus de 2 millions de tonnes de carbone chaque année. Elles fixent le CO² atmosphérique par l’intermédiaire de la photosynthèse. Une bonne partie du carbone capté est ensuite accumulé dans le sol.

Dans le cas d’une prairie pâturée, une partie du CO² fixé par les plantes est restitué à l’atmosphère par la respiration des animaux après consommation des fourrages. Une petite partie est perdue sous forme de méthane, alors qu’une dernière partie retourne au sol par l’intermédiaire des déjections (directement au pâturage ou sous forme de fumier). Parallèlement une quantité importante de carbone est restituée au sol sous forme de matière organique du fait de la décomposition des feuilles, du turnover racinaire...

Un véritable atout pour compenser les émissions de gaz à effet de serre, dans le cadre du pâturage, par le stockage de carbone.

De la qualité de l’herbe dépend aussi la qualité des fromages

Laguiole, Tome, Cantal, Salers, Saint-Nectaire, Lévéjac... Le Massif central est assurément une terre de fromages ! C’est toute la richesse et la biodiversité de ce territoire qui confèrent à tous ces fromages leurs qualités organoleptiques.

En effet, l’alimentation des vaches impacte le potentiel sensoriel et nutritionnel des fromages. Les terpènes, les caroténoïdes et les acides gras présents dans les fromages sont des exemples de marqueurs de l’alimentation des animaux qu’on retrouve dans les fromages qu’ils soient fermiers ou laitiers.

Des études* menées par l’INRAE de Theix (63) ont fait apparaître des modifications importantes des caractéristiques sensorielles des fromages en lien avec la composition botanique des prairies. Il a ainsi été clairement établi sur plusieurs types de fromages que le niveau de biodiversité floristique des prairies a un impact sur les arômes des fromages.
C’est pourquoi, les cahier des charges des 5 fromages AOP d’Auvergne (Bleu d’Auvergne, Cantal, Fourme d’Ambert, Saint-Nectaire et Salers) prévoit une place prédominante de l’herbe dans l’alimentation des vaches.

*Source : Quels intérêts de la diversité floristique des prairies permanentes pour les ruminants et les produits animaux ? Farruggia A. et al. INRA, Productions Animales, 21 (2), 181 – 200, 2008.

DIAM, un diagnostic pour juger de cette diversité exceptionnelle et valoriser tous ces atouts

Le DIAM (Diagnostic Multifonctionnel du système fourrager) est un outil de diagnostic ayant pour objectif d’évaluer les prairies et les fourrages, de mieux comprendre l’impact des pratiques es exploitants sur leurs parcelles, d’améliorer la gestion de l’herbe et de mieux concilier les enjeux agricoles et environnementaux.

Élaboré à la demande des filières des fromages AOP du Massif central, le DIAM est le fruit d’un travail commun entre plusieurs Chambres d’agriculture, organismes de développement et instituts scientifiques du Massif central. Il est conçu comme un outil d’accompagnement personnalisé destiné à tous les éleveurs de bovins, caprins et ovins.

Le pastoralisme au cœur du Sommet de l’Élevage

Initialement créé pour valoriser les races à viande bovines locales, le Sommet a toujours eu pour objectif de promouvoir la grande tradition d’élevage présente dans le Massif central pour préserver ce savoir-faire agricole et œuvrer au maintien de la biodiversité.

Aujourd’hui, le Sommet s’est fixé l’objectif de devenir le rendez-vous mondial majeur de l’élevage durable. « Il était important pour nous d’en faire notre cheval de bataille » précise Fabrice Berthon, Commissaire général de l’événement. « Notre événement est né et se développe au cœur de ce territoire préservé sur lequel subsiste une forte tradition d’élevage basée sur le pastoralisme. Et il doit le rester. Notre ambition majeure pour les années à venir est de s’attacher à promouvoir l’ensemble des avancées en matière de préservation de la Nature et de l’Homme » poursuit Fabrice Berthon. Un positionnement d’autant plus pertinent que l’ONU a décrété l’année 2026 comme celle du pastoralisme et des pâturages.

Cette thématique sera largement abordée dès cette année au Sommet avec l’organisation de colloques dédiés.

 

Plus d'informations :

Site internet : www.sommet-elevage.fr
Réseaux sociaux : Facebook - Instagram - TikTok - Twitter - LinkedIn