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Les prix français résistent à la pression
Notre pays résiste plutôt bien malgré les velléités de nos voisins européens. Le niveau de la consommation global est stable (+1,1% en 2022), mais cet équilibre laisse place à une décroissance en 2023 sur fond de perte de pouvoir d’achat.
Conjoncture – La production mondiale de viande progresse (+1% en 2022) que ce soit pour nourrir la population dans les pays émergents ou pour agrémenter la balance commerciale des grands pays producteurs. La consommation de viande rouge progresse, car elle est « un marqueur social » important dans certains pays comme la Chine. De son côté, l’Europe s’inscrit dans un cycle long de décapitalisation lié à une pyramide des âges défavorable et à des politiques de renouvellement des générations qui ont été insuffisantes, et qui le restent malgré les efforts déployés par certaines structures.
La reprise économique, post covid, a relancé les échanges intracommunautaires sur fond de baisse de production. En 2022, 37% des volumes de viandes produites au sein de l’UE ont été échangés entre États Membres. L’importance de ces mouvements montre bien l’interdépendance entre les pays et notre perte croissante d’autonomie. Le prix est souvent la grande variable d’ajustement, même si des politiques de protection ont été prises par de nombreux pays pour protéger les producteurs (Egalim2). Mais quand on regarde la puissance exportatrice de pays comme l’Irlande, les Pays-Bas ou la Pologne, on peut se poser la question pour savoir combien de temps la France ou l’Italie vont pouvoir résister à la pression des autres États Membres. En tête des pays exportateurs, les Pays-Bas avec 521 000 téc exportés, qui fournissent de la viande de veau, de la viande d’autres États membres découpée aux Pays-Bas et de la viande sud-américaine arrivée à Rotterdam. L’Irlande se positionne comme le pays le plus verdoyant, et la Pologne inonde le marché sur fond d’aide européenne liée à la guerre en Ukraine.
Les productions visées sont celles des jeunes bovins et des réformes laitières, avec des écarts de valorisations conséquents d’un pays à l’autre. Ce panorama pourrait être encore plus inquiétant si on intègre la volonté de certains pays (pas la France) d’ouvrir les relations commerciales à l’international. L’accentuation du « Green Deal » et la sur transposition des mesures européennes par la France ne vont pas arranger la vision du commerce dans une économie mondiale qui se préoccupe assez peu de la planète, ou en devanture, pour séduire les politiques. Les enjeux économiques sont trop importants pour les grands pays producteurs ou plutôt pour les gros poids lourds du marché mondial.
Notre pays résiste plutôt bien malgré les velléités de nos voisins européens. Le niveau de la consommation globale est stable (+1,1% en 2022), mais cet équilibre laisse place à une décroissance en 2023 sur fond de perte de pouvoir d’achat et doit surtout se décomposer entre une forte baisse des ventes domestiques (majoritairement en VBF) et une forte progression de l’import dans la restauration hors domicile. Au niveau commercial, le recul de la production est en accord avec la baisse des ventes dans les magasins, ce qui permet une relative stabilité des prix dans les catégories inférieures dont la finalité reste la production de viande hachée. La production qui en ce moment est la plus touchée par la concurrence européenne est celle de nos jeunes bovins destinés à l’export. Une grande partie se recentre sur le marché intérieur et masque, de ce fait, le déficit d’offres en réformes laitières.
Laurent CHUPIN - ActiOuest