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Les prix se resserrent
Le changement d’échelle de valeurs dans les différentes viandes ne sera pas sans conséquences sur les habitudes de consommation des ménages.
Dans un monde de l’élevage en pleine mutation où le rapport installation/cessation est nettement déficitaire, de nombreux jeunes éleveurs reprennent le flambeau, malgré des conditions peu favorables (hausse des taux d’emprunt et des valeurs de reprise et des charges d’entreprises). Les équilibres économiques sont incertains malgré la nette progression des prix de vente. Ces installations sont souvent le fait d’éleveurs avec des formations solides, très motivés, avec des projets bien cadrés vers une agriculture plus responsable.
Dans un sondage réalisé par Harris Interactive, si 96% des personnes interrogées sont des consommateurs de viandes, 48% disent avoir réduit leurs achats. En achetant moins de viande, les Français qui réduisent leur consommation souhaitent réorienter leur budget vers une alimentation globale plus durable et plus saine (42%), notamment dans de la viande de meilleure qualité (32%) et surtout produite en France. Or, il est important d’observer les changements d’orientations des marchés à la lumière des fortes hausses observées ces derniers mois et qui vont progressivement se répercuter sur les prix à la consommation. Le changement d’échelle de valeurs dans les différentes viandes ne sera pas sans conséquences sur les habitudes de consommation des ménages. Ces mutations sont déjà très sensibles ces dernières semaines avec un commerce plus compliqué et en retrait dans les pièces nobles (en boucherie ou en GMS). Le reflet le plus marquant de cette tendance est le recul des ventes sur les concours d’animaux de boucherie pour les fêtes Pascales. Ce bétail haut de gamme est pourtant le premier touché par la forte croissance des coûts alimentaires. Il est indéniable que les engraisseurs spécialisés, axés sur l’achat de maigre, vont revoir leurs copies même si souvent ce sont des passionnés. Dans ce schéma de tensions sur la viande haut de gamme, les viandes bio ou labels ont de plus en plus de mal à trouver leurs places, malgré une volonté affichée des consommateurs pour ces viandes. Le porte-monnaie a toujours raison.
En Allemagne, la consommation de viande bovine est relativement stable à 9,4kg/habitant (23,6kg en France), alors que la production est en repli de 2,4% et que les importations ont chuté de 9%. Le marché est largement déficitaire, ce qui entraîne une très grande fermeté des prix.
En Italie, le manque d’animaux prêts pour l’abattage maintient une forte pression sur les abatteurs et la filière aval, avec des tarifs qui restent positifs.
En Espagne, le flux des exportations est moins soutenu avec le début du ramadan, et les tensions géopolitiques gardent les portes fermées avec l’Algérie. Le marché intérieur est fébrile avec des prix à la production en progression, mais qui sont difficiles à répercuter sur la chaîne de valeur jusqu’au consommateur, malgré le soutien des industriels. Ces derniers ont observé un recul des ventes ces dernières semaines, en conséquence de la flambée des prix de l’ensemble des produits de consommation et de l’énergie. La filière de l’engraissement est très inquiète, car elle est très dépendante des disponibilités des céréales à l’import, de leurs prix et de la tenue des marchés export dans la viande.
En Irlande, la production est juste suffisante pour les besoins du marché, ce qui amène les industriels à revaloriser leurs achats. L’activité export reste forte en direction des Pays-Bas et de la Lybie.