Les protéines alternatives sont en embuscade

La disparition de l'élevage bovin profitera principalement à ceux qui investissent dans les protéines alternatives, et qui ont des convoitises sur le marché des viandes conventionnelles.

Conjoncture - La planète se portera-t-elle mieux, si la France réduit drastiquement son cheptel bovin d'ici à l'horizon 2035 ? Chacun peut en douter, car ce qui ne sera pas produit de manière respectueuse de l'environnement chez nous sera importé avec des enjeux plus géopolitiques qu'environnementaux. Les lobbyistes qui œuvrent pour prendre la place de ce marché très lucratif sont à l'attaque. L'Europe est un véritable eldorado pour les grands pays producteurs de viande bovine ou ovine. Malgré la résistance des producteurs, la pression monte, car les blocages sur ces dossiers entravent le progrès des autres volets commerciaux. Les négociations avec les grands pays producteurs avancent au gré des sensibilités politiques de nos dirigeants et des conseils orientés qu'ils reçoivent. L'Australie est sur le point de conclure un accord avec l’Europe, sur des volumes d'importation d’agneau sans droits de douane multipliés par 4. Les dirigeants espagnols et brésiliens ne cachent pas leur volonté de progresser dans le dossier du libre-échange lorsqu'ils prendront respectivement la tête de la Commission européenne et du Mercosur au second semestre.
Mais la disparition de l'élevage bovin profitera principalement à ceux qui investissent dans les protéines alternatives, qu'elles soient issues des protéines végétales, de la fermentation ou de la culture de protéines. Elles sont toutes programmées pour gagner des parts de marché par rapport aux viandes conventionnelles (porc, volaille ou viande rouge). Les investissements dans ce domaine sont colossaux. Sur les 14,3 milliards de dollars investis dans ces secteurs depuis 2010, 11 milliards l'ont été depuis 2020. Les sommes engagées par les fonds d'investissement, ainsi que par quelques milliardaires, demanderont inévitablement des retours rapides et significatifs sur investissement. Pour cela, deux stratégies complémentaires sont mises en œuvre. L'une consiste à promouvoir ces produits auprès de consommateurs en quête de nouveauté et sensibles aux arguments "écologiques" des fabricants. L'autre, moins avouable, consiste à dénigrer de toutes les manières possibles (et ils ne manquent pas d'idées) les viandes traditionnelles, que ce soit en termes de mode de production (L214...) ou de consommation (menu végétarien obligatoire dans les cantines...). Tout cela est servi sur un plateau par des dirigeants politiques qui, s'ils ne sont pas suffisamment intelligents pour voir la manipulation, deviennent complices de l'hécatombe qui va s'abattre sur des fleurons de l'économie française tels que l'élevage et la filière industrielle qui l'accompagne.

Ce qui est paradoxal, c’est que les Français apprécient la viande et le retour du beau temps est souvent associé aux grillades en famille ou entre amis. La convivialité autour d'un bon barbecue est irremplaçable. Cependant, dans le secteur de la restauration hors domicile (RHD), les acteurs continuent de travailler avec des viandes importées de l'UE afin de maintenir des prix abordables pour leurs clients. Pendant le week-end de la Pentecôte, de nombreux Français se sont rendus sur les côtes, ce qui a entraîné une forte affluence dans les hôtels, les campings et les locations. Les restaurateurs ont également bénéficié d'une très bonne activité. Espérons que cela se poursuive pendant cette avant-saison estivale.