Lutte contre les taupins : quelles solutions pour quelle efficacité ?

Les attaques de taupins sur maïs en début de cycle peuvent causer d'importants dégâts. Il n'existe aucune technique de lutte curative. Les leviers d'action possibles sont la protection au semis, et une préparation du sol adéquate.

Les faibles niveaux d’attaques de taupins constatés au printemps 2020 ne présagent en rien de l’abondance de population, et donc du risque d’attaques, au cours du printemps 2021.

Les taupins sont restés confinés au printemps 2020

Les attaques de taupins ont été particulièrement rares et peu intenses sur maïs au cours du printemps 2020. Pourtant, rien n’indique que ce ravageur, dont le cycle de développement est pluriannuel, était moins abondant. Rappelons que les dégâts sont occasionnés par les larves dont la présence dans l’horizon superficiel est favorisée par des conditions humides et chaudes. Or, les conditions rencontrées autour de la période de semis du maïs étaient souvent très sèches au printemps 2020. Elles le sont restées au cours des semaines suivantes dans la plupart des régions, sauf dans le Sud-Ouest. De fait, La majeure partie des surfaces de maïs a donc esquivé les attaques de larves de taupins aux stades de sensibilité de la culture (depuis la levée jusqu’au stade 10-12 feuilles).

Mais ce n’est pas le cas des semis plus tardifs, réalisés autour du 15-20 mai : ils ont été exposés à des niveaux d’attaques comme une année normale. Cela prouve que des larves de taupins sont toujours bien présentes dans les sols. Cela confirme également que le décalage de la date de semis n’est pas un levier pertinent pour esquiver ces ravageurs.

Solutions de protection : un choix toujours limité, mais il en reste !

Les solutions de protection du maïs se limitent à des produits microgranulés à base de pyréthrinoïdes. Même si le nombre de spécialités commerciales augmente, le choix reste restreint entre les produits à base de cyperméthrine (Belem 0,8Mg, Daxol) et les produits à base de lambda-cyhalothrine (Karaté 0,4Gr, Trika Lambda, Ercole…).

Ces solutions, lorsqu’elles sont appliquées avec un diffuseur de microgranulés, apportent des efficacités globalement comparables dans la grande majorité des essais réalisés par ARVALIS. Dans des situations d’attaques très précoces et intenses juste après semis (essais réalisés en Bretagne), les modalités comportant de la lambda-cyhalothrine (Karaté 0,4GR) présentent des efficacités plus satisfaisantes que la solution à base de cyperméthrine (Belem 0,8MG) (figure 1).

Le produit Force 1,5G (à base de téfluthrine) demeure autorisé pour la protection du maïs mais l’utilisation du diffuseur n’est pas compatible avec les recommandations d’emploi et l’obligation d’enfouir les microgranulés à une profondeur minimum de 3 cm. L’application de Force 1,5G sans recourir au diffuseur présente une efficacité de l’ordre de 25 % seulement.

Parmi les solutions en évaluation, un produit à base de cyantraniliprole appliqué en traitement de semences fait l’objet d’une demande de dérogation pour la protection contre les mouches. Les essais réalisés par Arvalis n’ont pas permis de mettre en évidence de bénéfice de cette solution pour protéger le maïs contre les attaques de taupins.

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Les diffuseurs, indispensables pour une protection satisfaisante

Pour les microgranulés à base de cyperméthrine (Belem 0,8MG, Daxol) ou de lambda-cyhalothrine (Karaté 0,4GR, Trika Expert, Ercole…), l’emploi du diffuseur proposé par le fournisseur est techniquement indispensable.

Le plus grand soin doit être apporté au montage des diffuseurs pour que la répartition des microgranulés soit optimale : un positionnement trop haut ou trop éloigné par rapport à la ligne de semis diluera le produit et éloignera les microgranulés de la zone à protéger. Un diffuseur positionné trop bas concentrera les microgranulés en fond de raie de semis ce qui protègera les semences mais pas le collet des futures plantules, zone cible privilégiée des larves de taupins. L’installation est propre à chaque diffuseur, à chaque type de semoir et même à chaque modèle. Se référer aux sites internet des fournisseurs de produits microgranulés – ou de semoirs – pour plus de détails.

Bien régler le microgranulateur

Si l’installation du diffuseur est essentielle, il faut également apporter le plus grand soin au réglage du microgranulateur (pour apporter la bonne dose de produit) et au semoir lui-même. Disques, socs et pneumatiques méritent une bonne révision. La moindre usure d’un des éléments du semoir est susceptible de dégrader la qualité du semis et par conséquence la protection de la culture.


Dernière étape à ne surtout pas négliger, la préparation du sol : elle doit permettre de bien positionner les microgranulés lors du semis. Si les débris et cailloux peuvent aisément être écartés de la ligne de semis grâce à l’installation des équipements adaptés sur le semoir, une attention particulière doit être apportée dans le cas de conditions trop sèches aboutissant à un sol trop motteux, trop aéré qui est à la fois favorable aux attaques de taupins et défavorable à un bon positionnement des microgranulés. En effet, ceux-ci tombent dans des interstices profonds et ne forment pas le rempart de protection à l’emplacement du collet de la future plantule. Il peut être nécessaire de réaliser un rappuyage de la ligne de semis pour compenser partiellement un défaut de qualité de la préparation du lit de semences.

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Jean-Baptiste THIBORD - Arvalis