Maïs 2024 : une campagne atypique entre défis climatiques et agronomiques

Après deux années consécutives de baisse de surface dans le département, la campagne 2024 de maïs semence est inhabituelle. Excès d’eau, sols froids, cycles allongés, stades très hétérogènes, etc. sont autant de facteurs qui compliquent la saison.

A l’image de toutes les cultures de printemps, les parcelles de maïs semence montrent les conséquences des problématiques rencontrées par les producteurs. Cela a commencé avec la préparation du sol. « Nous avons dû accéder aux parcelles avant même qu’elles ne soient correctement ressuyées », explique Richard Boyer, multiplicateur à Courçay et administrateur du syndicat des multiplicateurs de Touraine. La reprise des labours d’hiver, indispensable pour ouvrir le sol et tenter de l’assécher, s’est avérée délicate par endroits. 

Certains producteurs ont rencontré des problèmes de portance. Inévitablement, des tassements de sol sont apparus sur les passages de roue des tracteurs. « Et nous les retrouvons aujourd’hui dans le développement des plantes », regrette l’agriculteur. Tout comme les différentes veines de terre au sein même d’une parcelle. « Elles sont, elles aussi, plus prononcées cette année et détectables sur la croissance des végétaux », observe-t-il.

"De mémoire, nous n’avons pas eu deux jours consécutifs sans averse en mai et juin"

Le déficit de chaleur a lui aussi été préjudiciable. « Nous avons mis en terre des graines dans des sols froids, ce qui a fortement pénalisé les levées, poursuit Richard Boyer. Des sols peu réchauffés et humides pénalisent la croissance des plantes. Elles sont plus vulnérables à l’attaque des ravageurs en début de cycle. » 

Alors que les semoirs traditionnels, souvent à disques, peinaient à réaliser un travail efficace, certains multiplicateurs ont ressorti les vieux semoirs à sabot des hangars, attelés à des tracteurs moins lourds. « Avec pour objectif de limiter le matraquage des sols », résume Richard Boyer. Les semis des plantes mâles, qui s’effectuent généralement en trois passages, ont été perturbés par des pluies quotidiennes en mai et juin. « De mémoire, nous n’avons pas eu deux jours consécutifs sans averse », se souvient l’agriculteur. 

 

UNE CASTRATION DÉCALÉE… 

Globalement, toutes ces difficultés à l’implantation se traduisent aujourd’hui par des stades tardifs, et donc une castration différée. « Certains ont commencé, alors que d’autres pas du tout, remarque l’administrateur du syndicat. Heureusement, le mois d’écart entre les premières parcelles semées et les dernières s’est atténué pour la castration. » L’effet boomerang de ce retard de végétation se caractérise par une problématique de recrutement des castreurs. « Certains semis qui n’ont eu lieu qu’en juin vont entrainer des castrations début août. Trouver de la main-d’œuvre s’avère parfois compliqué, ça l’est d’autant plus cette année », détaille-t-il. L’étalement de la castration sur plusieurs semaines amène certains castreurs à quitter l’équipe avant même la fin de la période. « Même pour nous, employeurs, il est ennuyeux de ne faire travailler les jeunes que quelques heures par semaine. Nous devons gérer nos chantiers différemment. »

 

"le mois d’écart entre les premières parcelles semées et les dernières s’est atténué pour la castration"
…MAIS UNE IRRIGATION SIMPLIFIÉE

Seul point positif, la gestion de l’irrigation. « J’ai déroulé les premiers enrouleurs début juillet », se réjouit Richard Boyer. Mi-juillet, l’eau apportée sert uniquement à maintenir le sol humide en compensant son évapotranspiration. Cela va engendrer des économies importantes dans les exploitations. « Et alors que la moisson des cultures d’hiver s’est effectuée au compte-gouttes, nous avons gagné un temps précieux sur ce volet irrigation », apprécie-t-il. 

Sans surprise, la récolte s’annonce elle aussi tardive dans la saison. « Et les gros écarts de stade rencontrés cette année vont sans doute engendrer une moisson qui va s’étaler sur plusieurs semaines », anticipe Richard Boyer. Même si les surfaces ensemencées sont moindres, l’usine de tri et de conditionnement de Reignac devra elle aussi s’adapter.