Olivier Danel, éleveur caprin : « Je m’envole pour la Nouvelle-Zélande »

Eleveur de chèvres dans les Deux-Sèvres et lauréat de la bourse Nuffield 2025, Olivier Danel va réaliser de nombreux voyages à l’étranger au cours des deux prochaines années, avec pour objectif de trouver des solutions d’adaptation face au réchauffement climatique.

Olivier Danel est un exemple de Nima (non issu du milieu agricole) qui a développé un véritable engouement pour l’agriculture en général et l’élevage caprin en particulier. Après un bac en filière générale, c’est au cours d’un séjour en Australie - prémices à ses nombreux voyages, où il travaille dans des fermes, qu’il s’oriente vers l’agriculture. S’ensuit un BTS productions animales, puis une expérience de conseiller en élevage caprin au contrôle laitier pendant quatre ans. « Mais je ne voulais pas seulement conseiller, je voulais aussi faire », relate-t-il.

En 2006, il se met en quête d’une exploitation à reprendre, et tombe, via une petite annonce dans le journal local, sur une ferme des Deux-Sèvres spécialisée dans la production de lait de chèvre et de reproducteurs. Olivier aime préciser qu’il s’agit d’un « système hors-sol mais fourrager, avec une autonomie à l’échelle locale ». Avec deux salariés, dont son épouse, il élève 330 chèvres alpines sur une exploitation de 5 hectares, achète de la luzerne sur une ferme voisine, vend son lait à son voisin artisan fromager, donne son fumier à l’usine de méthanisation et récupère en échange de la paille produite chez un céréalier voisin. Voilà pour l’échelle locale. La vente de reproducteurs, en revanche, a une dimension nationale, voire internationale. Sa passion pour la génétique l’a conduit à devenir administrateur de Capgenes, dont il a été président de la commission internationale pendant plusieurs années, ce qui lui a permis de tisser un réseau de contacts à l’étranger.

Produire du fourrage avec très peu d’eau 

C’est lors d’une mission au Chili qu’Olivier Danel se rend compte à quel point le réchauffement climatique bouleverse profondément les systèmes agricoles. Il est marqué par le témoignage d’un éleveur, cinquième génération sur la ferme familiale, dont les terres étaient devenues quasi désertiques, mais qui restait fidèle bon gré mal gré aux terres de ses ancêtres. La sécheresse et le manque d’herbe : des problématiques de plus en plus criantes dans de nombreux pays, y compris en France. « Comment produire du fourrage avec très peu d’eau ? Il faut réfléchir à des solutions pour s’adapter », dit-il.

Au cours d’une nouvelle mission à l’étranger, c’est la rencontre avec un ancien lauréat de la Bourse Nuffield qui lui donne l’idée de postuler. Fondée en 1947 en Angleterre, la fondation Nuffield a pour objectif de permettre aux agriculteurs et agricultrices d’aller chercher, grâce à une bourse, partout dans le monde, les meilleures idées et les meilleures techniques. « Je me disais que ce n’étais pas pour moi, que c’était réservé à "l’élite" », raconte Olivier. Il se décide finalement à déposer un dossier, avec comme sujet d’étude : « Elevage caprin et changement climatique : s’adapter pour durer ! ». Il est retenu comme l’un des quatre lauréats de la bourse Nuffield France 2025.

A la rencontre des agriculteurs du monde entier

Le 5 mars, Olivier s’envolera pour la Nouvelle-Zélande pour la conférence inaugurale du réseau Nuffield international. Cette première étape est commune à la centaine de lauréats du monde entier. Chaque année, elle se tient dans un pays différent (la France l’a accueilli en mars 2015 à Reims). Pendant une semaine, en plus de découvrir le pays, les boursiers vont pouvoir échanger entre eux et tisser des contacts utiles pour la suite de leur projet.

Olivier a ensuite prévu de se rendre en Grèce, en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas et en Israël, l’un des pays les plus en pointe sur la gestion de l’eau. Il est aidé pour cela par le réseau international des anciens lauréats qui mettent à sa disposition expertise et contacts (et souvent hébergement). Pour ne pas bouleverser le travail sur sa ferme, il prévoit de faire des séjours courts, de 15 jours maximum.

Dans le cadre de sa bourse, Olivier dispose de deux ans pour écrire un rapport d’étude, qui sera présenté en public et consultable par tous sur internet. En identifiant les stratégies efficaces mises en place dans les différents pays visités, il espèce proposer aux éleveurs des solutions concrètes d’adaptation et de lutte face au réchauffement climatique.