Plan d’action influenza aviaire : les interprofessions satisfaites, la Conf et le Modef beaucoup moins

En dehors du cas des zones indemnes, l’Anvol, le Cifog et le CNPO saluent le soutien financier de l’Etat et s’engagent à renforcer la sécurisation des élevages. Côté syndicats, la Confédération paysanne et le Modef dénoncent une stratégie « tout bâtiment », aussi inefficace contre le virus que mortifère pour l’élevage de plein air.

1,1 milliard d’euros : c’est la somme que l’Etat a mis sur la table pour indemniser les filières victimes de l’épizootie record d’influenza aviaire 2021-2022, qui s’est traduite par l’abattage de 19,3 millions d’animaux et des pertes économiques colossales. L’Anvol (volailles de chair), le Cifog (palmipèdes à foie gras) et le CNPO (œufs et ovoproduits) ont salué dans leur ensemble les volets financier et technique du plan d’action décrété par le ministère de l’Agriculture, avec néanmoins quelques bémols.

L’Anvol et le CNPO regrettent que les élevages situés dans les zones indemnes ne perçoivent aucune indemnisation, alors qu’ils ont été affectés, ou par les restrictions de mouvement d’animaux ou par la pénurie de poussins et de canetons. En frappant les Pays de la Loire, qui concentrent de nombreux sélectionneurs, élevages de reproducteurs et couvoirs, l’épizootie a altéré la capacité de de production de toutes les filières. Le CNPO anticipe ainsi une baisse de la production d’œufs de 9% en 2022. De son côté, le Cifog attend des pouvoirs publics une renforcement de l’accompagnement financier des entreprises de l’aval.

Des vides sanitaires allongés et indemnisés en palmipèdes

En contrepartie, les filières se sont engagées à mettre en œuvre la nouvelle feuille de route destinée à renforcer la détection, la surveillance programmée et la biosécurité, ce qui passera notamment par la réalisation d’autotests, et d’audits de biosécurité en élevage ou encore la télédéclaration des mouvements d’animaux afin d’améliorer la gestion de crise, le tout décrit dans sept fiches action. Dans le Sud-Ouest en particulier, le principe d’une dédensification des ateliers de canards gras est acté, sous la double impulsion de l’Etat et de l’interprofession, avec d’une part une incitation ne pas produire du 15 décembre au 15 janvier dans un périmètre de 68 communes et d’autre part le versement d’aides économiques jusqu’à 270 jours après la levée des restrictions.

La 8ème fiche action de la Conf et du Modef

Côté syndicats, la Confédération paysanne et la Modef n’ont pas donné quitus à la nouvelle feuille de route et ont même décidé de se désolidariser de la feuille de route 2021-2022, qu’ils avaient signée en émettant des réserves. « Les mesures envisagées ne sont qu’un tremplin pour une nouvelle épizootie majeure en même temps qu’elles signent la fin de l’élevage paysan de plein-air », dénoncent-elles dans un communiqué. Les deux organisations affirment ne pas avoir été conviées à la rédaction de sept fiches action, « conçues par les opérateurs des filières longues, répondant aux intérêts économiques de ces filières et passant complètement à côté de l’enjeu sanitaire que nous impose le virus en passe de devenir endémique ».

La feuille de route 2021-2022 ne réserve aucun traitement de faveur à l’élevage de plein air. Le ministère a toutefois ménagé une concession, consistant à saisir l’Anses sur les alternatives au confinement ainsi que ses modalités géographiques et temporelles. Ce faisant, la Confédération paysanne et la Modef ont écrit leur propre fiche action. Les deux organisations demandent notamment que les analyses de risque soient adaptées à chaque élevage et permettent ainsi des adaptations aux règles de biosécurité. Elles plaident pour l’introduction de mises à l’abri alternatives aux bâtiments afin de respecter les conditions de l’élevage plein air ou encore l’évaluation de la résistance génétique aux virus d’influenza aviaire de certaines races rustiques.