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Pourquoi les viticulteurs du Puy-de-Dôme ne planteront plus leurs vignes sur les côteaux sud ?
La cartographie de près de 500 hectares au cœur du vignoble des Côtes d'Auvergne, lancée en 2023 par le syndicat, vient de se terminer. Les résultats finaux seront connus cet automne.
Verra-t-on encore à l'avenir des vignes sur les coteaux sud ? Rien n'est moins sûr. Les sécheresses et canicules s'enchaînent et mettent à mal des plantations qui autrefois cherchaient pourtant à se réchauffer. En 2023, le Syndicat des Côtes d'Auvergne lançait avec l'Institut Français du Vin (IFV) un vaste chantier de cartographie pour connaître très précisément la nature véritable des sols. Deux enjeux reposent derrière ces travaux qui rendent leurs premiers résultats : permettre aux vignerons et viticulteurs de s'adapter au changement climatique et doubler la surface de l'appellation (350 ha aujourd'hui) en favorisant la création de 35 nouvelles exploitations viticoles.
« Le but n'est pas de monter à 4 500 ha mais de faire vivre nos vignerons » souligne Gilles Vidal, président du syndicat.
Les Côtes d'Auvergne au coeur d'un terroir volcanique unique et complexe
Au total 380 ha appartenant à des vignerons et 180 ha à des communes et autres propriétaires ont été cartographiés par l'IFV. Toutes les parcelles analysées ont été caractérisées à la fois d'un point de vue géologique et pédoclimatique.
Plus de 1 200 sondages ont été nécessaires, sans compter les analyses en laboratoire pour déterminer le pH, la teneur en éléments chimiques…
À ces milliers de résultats s'ajoutent ceux de 14 fosses, creusées dans différentes zones du vignoble pour déterminer plus finement la nature des sols.
Les prélèvements arrivés à leur terme, l'IFV a eu la lourde tâche de caractériser ces sols et le terroir volcanique de la zone a donné du fil à retordre aux pédologues.
« Le vignoble des Côtes d'Auvergne est dans une zone où il y a eu des inversions de reliefs. Les coulées de lave ont résisté à l'érosion, alors que la terre qui les entourait à disparu. De ce fait, nous avons un mélange des sols très important qui complexifie notre travail d'analyse » explique Véronique Genevois pédologue à l'IFV.
Au terme de ses travaux, elle a identifié 5 formations géologiques (formation du socle, alluvions colluvions, volcaniques, pépérites et dépôts sédimentaires) qui se divisent en 18 groupes terroirs (des sols avec une roche mère identique) et pas moins de 100 unités de terroir (sols différents dans leur composition chimique).
La cartographie des sols de l'AOC Côtes d'Auvergne
Cette cartographie d'une incroyable densité d'informations sera pleinement finalisée d'ici la fin de l'été. Gilles Vidal, président du Syndicat des Côtes d'Auvergne attend beaucoup de ces résultats.
« Sur certains secteurs du vignoble, on arrive plus à faire de vin. On doit s'adapter urgemment au risque de perdre des producteurs. »
Elle sera aussi un argument de poids dans les négociations avec l'INAO pour modifier la zone d'appellation et notamment justifier l'évolution de certains critères de plantations, imposés par le cahier des charges.
« Planter des vignes plein sud n'est plus valable aujourd'hui. On l'observe chaque année. La cartographie, avec des données de réserves utiles en eau notamment, en apporte la preuve scientifique. »
Le syndicat va également porter une demande pour augmenter l'altitude de plantation de 500 m à 600 m.
Cette cartographie permet enfin d'identifier les parcelles avec un intérêt viticole et de les préserver de l'urbanisation.