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Mercredi 05/11/2025
Restrictions d’usage du cuivre en vigne : un arrière-goût d’impasse technique et de surtransposition
La FNAB, la CNAOC et France Vin Bio réclament des études d’analyses des risques et, dans l’attente des résultats, des dérogations pour permettre les traitements sur fleurs le soir, conformément à l’arrêté abeilles, et le lissage des doses sur 7 ans, conformément à la règlementation européenne.
« Une nouvelle fois, l’ensemble de la viticulture se retrouve dans une impasse par rapport à ses concurrents européens par décision de l’administration française ». C’est ce qu’affirme Anthony Brun, président de la Commission durabilité-environnement de la CNAOC dans un communiqué commun publié le 4 novembre avec la FNAB et France Vin Bio. La réaction fait suite à la publication, sous l’égide de l’IFV, d’une note précisant le nouveau statut du cuivre après le toilettage, pour ne pas dire le lessivage opéré par l’Anses en juillet dernier. L’agence sanitaire a en effet réduit drastiquement l’offre de spécialités homologuées, principalement des poudres, en raison de la nocivité dont elles étaient potentiellement porteuses à l’égard des opérateurs et de l’absence de garanties apportées sur ce point par les firmes.
Le catalogue divisé par deux
Les spécialités commerciales dont les AMM n’ont pas été renouvelées pourront être achetées jusqu’au 15 janvier 2026 et utilisées jusqu’au 15 janvier 2027 sachant qu’au niveau européen, un règlement d’exécution (n°2025/1489) a prorogé jusqu’au 30 juin 2029 l’AMM du cuivre, qui prenait fin théoriquement le 31 décembre 2025.
Seuls 2 produits sur 19 ont été ré-autorisés par l’Anses mais le catalogue national compte encore 17 spécialités homologuées pour lutter contre le mildiou de la vigne. Cependant, un nouveau coup de rabot n’est pas à exclure dans les mois ou années à venir pour les 15 spécialités pas encore visées par l’Anses et qui pourraient elles aussi passer à la trappe sinon voir leurs conditions d’utilisation se durcir.
Des restrictions rédhibitoires selon les viticulteurs
L’Anses a en effet restreint les conditions d’utilisation des deux spécialités réautorisées, en bannissant leur usage en période de floraison, en fixant une durée minimale de 7 jours entre deux applications et en plafonnant la dose annuelle à 4 kg/ha alors que la réglementation européenne offre la possibilité de lisser la dose sur 7 ans, sans dépasser les 28 kg/ha sur la période et 6 kg/ha sur une année. « En viticulture bio, on ne dispose que des produits à base de cuivre pour lutter contre le mildiou, on a donc besoin d'un peu de souplesse, argumente Pascal Doquet, vigneron bio en Champagne et référent cuivre à la FNAB. On peut utiliser à 200-250 grammes de cuivre par hectare, mais on peut aussi avoir besoin de traiter tous les trois jours en cas d’orages. Là on nous propose de ne traiter que tous les 7 jours à 400 grammes. Ce ne sera pas efficace ».
« Une véritable impasse technique »
Selon la FNAB, la CNAOC et France Vin Bio, ces conditions d’usage qui ne correspondent pas aux besoins du terrain et laissent les viticulteurs dans « une véritable impasse technique ». « Il est urgent de redéposer des dossiers avec les analyses de risques correspondant aux doses et aux fréquences de traitements dont la filière a réellement besoin ».
Les trois organisations réclament la relance d’études pour analyser le risque pour les pollinisateurs avec des méthodes actualisées, le risque des nouveaux produits pour la santé humaine et le risque d’un traitement à un maximum de 6 kg/ha/an tout en restant sur une moyenne de 4 kg sur 7 ans. En attendant, les syndicats de défense des vignerons demandent au ministère de l’Agriculture des dérogations pour permettre les traitements sur fleurs le soir, conformément à l’arrêté abeilles, et le lissage des doses sur 7 ans comme la réglementation européenne le permet ».