Un mois de mai à quatre ponts

Le niveau élevé du prix de steak haché dans les magasins a sérieusement ralenti la demande chez les industriels. Et les abatteurs maintiennent la pression sur les réformes laitières, malgré le recul de l’offre.

Conjoncture – Si les pluies de ces dernières semaines et la douceur de ce début de printemps ont amené un gain des 15% de la production d’herbe sur avril, cela va permettre de faire des stocks tant en ensilage, qu’en enrubanner. Il est encore un peu tôt pour les fenaisons, mais les conditions sont réunies pour une belle récolte. Les herbages sont également fournis pour accueillir les animaux. Malheureusement, cette belle avant-saison ne présage en rien de la suite qui sera fonction des conditions climatiques des prochains mois. La crainte des éleveurs de devoir affronter une année de sécheresse est bien présente au regard des prévisions assez pessimistes pour les prochains mois et des restrictions déjà en vigueur dans certains départements.

Au regard des coûts élevés de production, les éleveurs ont besoin d’une herbe de qualité pour engraisser et finir leurs animaux. Les volumes récoltés en ensilage ou enrubannage pour ce début de printemps sont de qualité. Du côté des laitières, même si les tarifs se replient, les éleveurs ont toujours intérêt de faire prendre des kg à des tarifs qui restent élevés. Une grande partie des animaux part encore à l’abattoir sans finition préalable, avec un état d’engraissement (1 ou 2). Une vache laitière sur deux est abattue dans l’état. Pourtant, le gain économique de l’engraissement est très appréciable (quand cela est possible). Une vache engraissée prend en moyenne 70kg de carcasse, selon l’institut de l’élevage, elle peut gagner 1/2 de classe avec un écart de valorisation souvent considérable. L’augmentation du prix de vente peut ainsi représenter un gain allant de 250€ à 300€/ animal.

Après une fin de mois assez morose pour les ventes de viande, de nombreuses actions promotionnelles et publicitaires sont relancées pour faire revenir les clients vers la viande bovine notamment vers les pièces nobles à griller. Cela va permettre un désengorgement des frigos des abattoirs. Cette gamme de produits est très sensible à la météo, mais ce mois de mai 2023 est un peu particulier, car il concentre quatre ponts : 1er et 8 mai, Ascension et la Pentecôte. Cela va allonger les week-ends pour les familles, mais cela va également impacter l’activité des entreprises.

Le marché de la viande reste largement animé par les écarts de valorisation des réformes laitières et des jeunes bovins entre les différents pays de l’UE, sur fond de décroissance constante des cheptels. L’année 2022 et début de 2023 a vu une flambée des prix des réformes laitières en France alors que l’Allemagne révisait ces tarifs à la baisse après des sommets à plus de 5€/kg de carcasse. Les écarts tendent à s’amoindrir avec la pression imposée par les industriels français et une tendance qui renoue avec du positif outre-Rhin.   

Même s’ils sont moins alléchants qu’il y a un mois, les tarifs actuels restent très convenables. La période de soudure sera moins difficile à gérer pour les industriels avec les semaines écourtées de mai. Néanmoins, le déficit chronique de l’offre devrait participer à une stabilisation des prix.

Pour les JO 2024, des productions de substitution sont mises en place, notamment avec des jeunes bovins laitiers ou croisés. Cela devrait permettre de trouver une nouvelle voie pour les petits veaux dont la valorisation est actuellement dirigée par les intégrateurs de veau de boucherie et l’export.

Le point le plus préoccupant est la volonté de l’Espagne (qui prendra la présidence tournante de l’UR en juillet), et du président brésilien (qui prendra la présidence tournante du Mercosur au second semestre) de conclure un accord commercial. Plusieurs pays européens, dont la France, restent néanmoins très réticents vis-à-vis de cet accord. Emmanuel Macron a lui-même prévenu fin février qu’un accord ne serait « pas possible » si les pays du Mercosur ne respectaient pas les mêmes contraintes environnementales que les Européens. Les agriculteurs européens redoutent de voir affluer sur le marché européen davantage de denrées agricoles sud-américaines soumises à des standards de production moins exigeants. À la différence de l’UE, le Brésil n’a pas banni de l’alimentation animale les antibiotiques utilisés comme activateurs de croissance.

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