La MHE, une nouvelle maladie bovine imputable au changement climatique

Transmise par des moucherons, la maladie hémorragique épizootique (MHE) a été détectée en Italie et en Espagne fin 2022. Elle est potentiellement mortelle pour les bovins. Une surveillance est mise en place en France.

« Il y a une quinzaine d’années on n’imaginait pas que la maladie puisse un jour arriver en Europe, explique Stéphan Zientara, directeur de l’unité mixte de recherche Virologie, qui associe des scientifiques de l’Anses, d’Inrae et de l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort. Son extension est une conséquence directe du changement climatique, qui permet aux moucherons vecteurs de survivre dans nos régions ».

La maladie hémorragique épizootique a été détectée en Italie et en Espagne fin 2022. Les moucherons en question appartiennent au genre Culicoides et la maladie hémorragique épizootique qu’ils transmettent est une maladie virale potentiellement mortelle, qui se manifeste par de la fièvre, de l’anorexie, des boiteries et une détresse respiratoire. Les petits ruminants peuvent aussi être porteurs du virus mais aucun cas symptomatique n’a encore été détecté. Le virus ne se transmet pas à l’être humain.

Des moucherons portés par le vent

Aucun vaccin contre ce sérotype n’est disponible, indique l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), laboratoire de référence de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) pour cette maladie. Ceux utilisés au Japon ou aux États-Unis ont été développés contre d’autres sérotypes et ne seront pas efficaces contre celui-ci. Les industriels réfléchissent au développent d’un vaccin adapté.

En attendant, la seule mesure pour freiner la propagation du virus est de tester les animaux et d’interdire le transport de ruminants depuis les zones infectées, mais son efficacité reste faible. « Même s’il est possible que le virus ait été introduit par le transport de bovins infectés, l’hypothèse la plus probable est que des moucherons ont été transportés à travers la Méditerranée par le vent, poursuit le scientifique. Cela expliquerait l’apparition simultanée de la maladie dans plusieurs endroits d’Europe du sud ». Le virus est identique à celui qui avait été détecté en Tunisie en 2021.

Le virus s’est répandu en Asie, en Australie et en Afrique, mais jusqu’à l’année dernière aucun cas n’avait été détecté en Europe. Sensible à la maladie, les cervidés sont une source potentielle de diffusion. « Un cerf infecté a été dépisté en Sardaigne mais il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agit d’un cas isolé », indique l’Anses.

Afin de détecter l’arrivée du virus sur le territoire, une surveillance a été mise en place en France, avec pour objectif d’analyser tout animal suspect, notamment dans la faune sauvage.