Vache simmental : la mixité a du bon

Race à l’honneur lors du Space 2023, la simmental était en concours européen le 13 septembre dernier sur le grand ring du salon rennais. Une cinquantaine de vaches, venues de France, Allemagne et Autriche ont donné la parfaite illustration de ce qu’est une race vraiment mixte.

Rien n’a pu entamer la passion de Camille pour les simmentals. Surtout pas les piques de ses camarades de classe de lycée agricole, qui lui disaient que ses vaches préférées n’étaient que « des croisées charolaises-montbéliardes » ; ou qui lui donnaient du « Marguerite », parce que c’était le nom de la vache simmental dans le film de 1959, « La vache et le prisonnier ».

« Il faut dire que j’étais la seule de ma classe dont la famille élevait des simmentals », rapporte Camille Vial, consultante en élevage, ingénieure agricole et passionnée de simmentals. Et si elle n’a pas (encore) fait de cette passion son métier, la jeune femme le reconnaît : « Cette race, j’en parle tout le temps ». Ce qui tombe bien car avec seulement 40 000 vaches enregistrées à l’état civil en France, la simmental a bien besoin de porte-paroles comme Camille pour se faire connaître.

Fleckvieh, l’autre nom de la simmental

« Il est vrai que la race est issue du même rameau que la montbéliarde, rapporte Camille, mais par rapport à cette dernière, elle a gardé beaucoup plus de mixité. Jusque dans les années 1970, on la nommait tachetée de l’Est. Dans les pays germanophones où elle est très présente, on la nomme plutôt fleckvieh, ce qui veut dire simplement vache rouge. »

Si en France, la race est plutôt minoritaire, la fleckvieh-simmental domine largement les troupeaux germaniques : elles sont 1 million en Allemagne, et elles représentent 80% des effectifs de bovins en Autriche. Dans ce pays, elle fait d’ailleurs office de principale fournisseuse de lait et de viande. La simmental est également très présente en Australie et en Afrique du Sud, mais uniquement en tant que vache allaitante. Il y aurait environ 40 millions de simmentals à travers le monde.

"Dans l’Ouest, on sent une effervescence autour de cette race."

Les effectifs français sont certes modestes, mais en croissance de 15% en 10 ans. Cette progression est remarquable dans un contexte où la plupart des autres races réduisent leurs effectifs : « La simmental plaît d’abord pour son produit viande, mais aussi parce qu’elle s’adapte à tous les systèmes, présente Camille. On la retrouve aussi bien dans des systèmes très extensifs, en montagne, que dans des fermes plus intensives. Dans l’Ouest, on sent une effervescence autour de cette race ».

Une race européenne

Illustration de ce succès croissant : la simmental était la race à l’honneur lors du dernier Space, où elle a pu organiser un grand concours (à son échelle !) avec une cinquantaine de vaches. Parmi elles : 12 primipares venues d’Allemagne et d’Autriche. Ces vaches d’Outre-Rhin participaient à la compétition et Fisa, une vache autrichienne, a même décroché le titre de championne espoir.

La grande championne du concours européen 2023 est Mylée venue de Côte d’Or. Elle est ici aux côtés de sa réserve, Précieuse, qui vient du Morbihan. (photo Catherine Perrot)

Mais a priori, pas de retour au bercail pour ces fleckvieh : elles ont en effet été proposées à la vente aux éleveurs présents au Space. « Nous avons organisé cette vente, car nous avons du mal à répondre à la demande de génisses, confie Camille. Travailler avec l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse nous permet de renouveler la génétique ». Ce travail à l’échelle du territoire européen, et la mixité préservée de la race font ainsi de la simmental la race la moins consanguine de toutes les races laitières.

Ne vous fiez pas à son dirndl (vêtement traditionnel) : Camille n’est pas Autrichienne, mais elle présentait un lot de vaches autrichiennes. Dans ce pays, 80% des vaches sont des simmentals. (photo Catherine Perrot)

Le concours du Space a aussi été l’occasion de rappeler que les simmentals sont toujours très « bouchères », mais qu’elles ont su progresser en lait : ces cinq dernières années, la moyenne française a grimpé de 700 kg, pour atteindre 7000 kg/an (40,6 TB et 34 TP). En France, les vaches à plus de 10 000 kg/an ne sont plus des exceptions et la marge de progrès est encore importante puisqu’en Autriche on peut retrouver des vaches à 14 000 kg.

Venue de Haute-Marne, Pervenche est la meilleure fromagère de ce concours. Elle a produit plus de 10 000 kg de lait brut dans sa première lactation, à 37,8 TB et 34,9 TP. (photo Catherine Perrot)