Viande bovine : prépare-t-on une ouverture aux produits d’importation ?

Dans un scénario de déficit constant et accentué de la production de viande bovine en France et en Europe, les instances européennes et la France sont-elles en train de sacrifier l’élevage sur l’autel des négociations internationales ?

Bovins de boucherie – La FNO, la FNB et la FNPL dénoncent le « soutien réaffirmé de la France au CETA, aux accords modernisés UE-Mexique et des négociations UE-Australie. Il y a également le plein soutien de la France à la conclusion de l’accord commercial entre l’Union Européenne et la Nouvelle-Zélande, qui acte l’ouverture du marché européen à droits de douanes nuls ou réduits pour plusieurs dizaines de milliers de tonnes de produits laitiers, viandes bovines et ovines » sans exigences quant à la réciprocité des normes.

Ces choix sont incompatibles avec la souveraineté alimentaire tant défendue par le Président de la République. L’ensemble de ces accords se fait sur le fond d’une guerre économique à grande échelle, car cela ouvrirait de grandes opportunités commerciales sur le long terme aux élevages bovins ultra-industrialisés du brésil, de l’Australie et de Nouvelle Zélande, sans aucune condition liée au respect des normes de productions européennes visant à protéger la santé, l’environnement et le bien-être des animaux.

Les acteurs aval des filières viande ont longtemps vécu sur une offre excédentaire, mais la COVID 19 et la guerre en Ukraine ont bouleversé le monde de la viande, comme beaucoup d’autres secteurs d’activités. La reprise économique dominée par une demande chinoise gargantuesque a provoqué une flambée des prix sur de nombreux produits. Dans le domaine de la viande bovine, les mouvements mondiaux ont également été fortement touchés. La demande chinoise a engendré une forte inflation du prix de la viande et cela impacte en priorité des pays gros consommateurs comme l’Argentine, qui a fortement réduit ses exportations afin de pouvoir nourrir sa propre population. Le prix des bouvillons au départ du Brésil a été multiplié par deux, incitant ceux qui font du négoce mondial à chercher d’autres sources, même si le gros des échanges part du Mercosur.

En Europe, le recul de l’offre est significatif, avec des industriels très préoccupés par la charge de travail de leurs unités de productions, qu’ils doivent maintenir à un niveau élevé pour écraser la hausse des charges fixes. Des coupes franches vont se produire pour adapter le potentiel d’abattage et de transformation aux volumes disponibles. L’autre solution est de réduire nos exportations pour maintenir un potentiel de production en France. Depuis trois ans, le marché italien a renforcé sa consommation de viande à partir de femelles (carcasses plus légères), et la conséquence a été un exode massif de milliers de génisses Charolaises ou Limousines qui ne sont plus disponibles. Cela a permis dans le même temps un sérieux relèvement des prix pour les éleveurs. Les gros opérateurs du marché de la viande sont inquiets, et commencent à contractualiser des jeunes bovins (viandes ou laitiers), et cherchent des pistes pour les laitières pour assurer les volumes.

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