De nouvelles perspectives dans la lutte contre la flavescence dorée

Une étude conduite par cinq pays européens dont la France a mis au jour la variabilité épidémique des souches de phytoplasme, de nature à mieux évaluer le risque et à mieux raisonner la lutte.

Depuis l'apparition des premiers foyers dans les années 1950 dans le sud-ouest de la France, les épidémies de flavescence dorée ont été associées à l'introduction d'un insecte vecteur nord-américain ampélophage (Scaphoideus titanus) lors de l'importation des vignes américaines résistantes au phylloxera.

Mais l'origine des phytoplasmes posait encore question et leur possible origine européenne devait être testée et corrélée avec les facteurs écologiques et génétiques liés à l'émergence de la maladie.

À cette fin, des chercheurs de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE), en collaboration avec des confrères allemands, italiens, hongrois et serbes, ont étudié durant une décennie la diversité génétique et le cycle écologique du phytoplasme. Ils ont confirmé que le phytoplasme est bien originaire et endémique des aulnes européens. L'élucidation de leur cycle écologique et de leurs caractéristiques génétiques a en prime permis de distinguer des variants à fort potentiel épidémique au vignoble. En termes d'application, les outils de génotypage développés dans cette étude permettent de retracer l'origine et la propagation des souches de phytoplasmes de la flavescence dorée dans les vignobles et leurs environnements mais aussi d'identifier les souches épidémiques.

Ces informations vont permettre d'alimenter les évaluations de risque pour mieux raisonner les stratégies locales de lutte. Ce type de gestion expérimentale associant surveillance renforcée des vignobles, génotypage des cas et modulation des insecticides, se met actuellement en place dans certains vignobles en France.

Tous les vignobles touchés

La flavescence dorée se transmet à la vigne soit lors du greffage, en utilisant un matériel végétal contaminé, soit par la cicadelle qui se qui se nourrit de la sève contaminée d'une plante porteuse du phytoplasme et l'inocule ensuite à un cep sain au cours d'une prise alimentaire ultérieure.

En France, tous bassins viticoles sont concernés, y compris les vignobles les plus septentrionaux que sont la Champagne et l'Alsace, où des pieds contaminés ont été détectés les années passées. De nombreux pays européens sont également concernés.

Hormis le traitement des bois à l'eau chaude avant plantation, il n'existe aucun moyen de lutte directe contre le phytoplasme responsable de la maladie, notamment pour les vignes en place. Le seul moyen de lutte actuel est indirect et consiste à limiter les populations de l'insecte vecteur du phytoplasme. Longtemps circonscrite par des stratégies de lutte insecticide collective et réglementée dans des périmètres de lutte obligatoire, la flavescence dorée est aujourd'hui en recrudescence dans de nombreux vignobles et nécessite la mise en place de moyens de lutte croissants (surveillance des populations de l'insecte vecteur, messages réglementaires, traitements obligatoires spécifiques, prospections, ...). Ceci entraîne des surcoûts importants et de nouvelles contraintes, difficilement compatibles avec un mode de gestion durable de la viticulture, qu'il soit raisonné, biodynamique ou biologique.