Le chardonnay remonte vers les Hauts-de-France

Ternovéo, filiale du groupe coopératif Advitam, a implanté 16 ha de vigne répartis entre 10 producteurs. En 2025, le vignoble, labellisé HVE, devrait totaliser 200 ha. Les débouchés locaux seront privilégiés.

La présence de vigne n'est dans la région n'est pas une première. La production de Champagne couvre en effet 3.400 ha dans le département de l'Aisne, équivalant à 10% de l'appellation. Mais le nouveau règlement en matière de plantation de vignes, adopté en 2016, ainsi que le changement climatique, ouvrent de nouvelles opportunités, dont Ternovéo à décide de se saisir, pour répondre "au besoin des consommateurs, à la recherche de produits locaux", en offrant aux agriculteurs "de nouveaux débouchés", souligne le négoce dans un communiqué.

Le climat d'antan de la Bourgogne

Au niveau des cépages, le choix s'est porté sur le chardonnay. A raison de 5000 pieds par ha, le potentiel de production devrait s'établir à 8 t/ha. Les 16 premiers ha ont été implantés ce printemps. D'ici à cinq ans, le vignoble devrait couvrir 200 ha, répartis entre une centaine de néo-viticulteurs, dûment formés et encadrés par les techniciens du négoce, secondés par les experts du cabinet champenois Vinelyss ou encore des pépinières Guillaume (Haute-Saône). "D'ici une dizaine d'années, les Hauts-de France possèderont le même climat que celui de la Bourgogne il y a 25 ans, ce qui laisse augurer de belles années viticoles dans la région", juge son dirigeant François Guillaume.

Basé à Saint-Quentin (Aisne), le négoce agricole Ternovéo (300 millions d'euros de chiffre d'affaires) a entamé en 2019 une diversification de ses activités, jusque-là centrée sur l'approvisionnement et la collecte de céréales et d'oléo-protéagineux. Trois nouvelles filières ont ainsi été créées, destinées à inscrire son activité et celles de ses clients dans la durabilité : la production de pois chiche pour répondre à la demande de protéines végétales, l'implantation de ruches pour protéger les écosystèmes et enfin la création d'un vignoble pour diversifier l'activité et créer de la valeur. "C'est un défi ambitieux mais à la hauteur des moyens que nous nous sommes donnés", déclare Xavier Harlé, directeur général de Ternovéo.

Vin de France et HVE

En 2022, pour les premières vendanges, Ternovéo escompte produire 50 000 bouteilles de vin tranquille, dans la catégorie des Vins de France, vendues entre 7 € et 10 €. A terme, la surface du vignoble devrait s'établir autour de 200 ha, générant la production d'un million de bouteilles, dont le débouché sera essentiellement régional, notamment auprès des restaurateurs et cavistes. Le vignoble sera conduit selon le cahier des charges de la  Haute valeur environnementale (HVE).

Le négoce a prévu d'investir un million d'euros dans un chai et une unité d'embouteillage. Pour les producteurs, le coût de l'implantation s'élève entre 25 000 €/ha et 30 000 €/ha.