Vendanges 2017 : des prévisions de récolte revues à la baisse à cause de la sécheresse

Les prévisions de production de vin en France sont revues à la baisse par les services du ministère en raison de la sécheresse qui vient encore aggraver la baisse de la vendange 2017, déjà bien impactée par le gel de ce printemps.

La récolte est, au 21 août, désormais prévue en baisse de 18% par rapport à l'an passé (-17% / moyenne des cinq dernières années), selon le service statistique du ministère de l'Agriculture, Agreste. Elle devrait ainsi s'établir à 37,2 millions d'hectolitres, soit la plus petite vendange jamais connue en France depuis l'après-guerre !

Après le gel qui a bien entamé le potentiel de récolte de toutes les régions, particulièrement le Bordelais, Charentes, Alsace, Jura et Languedoc-Roussillon, c'est la sécheresse qui vient aggraver la situation. Le déficit hydrique s'est en effet accentué dans les vignobles du Sud-Est, de la Corse, du Languedoc et du Beaujolais. Une sécheresse persistante qui provoque une baisse du poids des grappes.

"Je crains même que nous soyons au niveau national en dessous des 37 millions d'hectolitres", a estimé Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer et viticulteur dans le Gard. "Partout où l'on vendange, là où on pensait qu'il y avait un peu moins de raisins, il y en a beaucoup moins. Les grappes font 60 à 70 g au lieu de 120 g en année normale", appuie-t-il. Des chiffres nationaux à prendre encore avec précaution car les raisins non encore récoltés pourraient vite se gorger de jus si la pluie venait à arroser les bassins les plus septentrionaux.

" Pas de rupture d'approvisionnement "

Une année 2017 que Jérôme Despey estime exceptionnelle également par sa précocité. Les premières vendanges ont débuté en avance de 10 à 15 jours, en zone méditerranéenne (Languedoc-Roussillon, Sud-Est et Corse). Le printemps et l'été chauds expliquent cette précocité qui concerne également les vignobles plus septentrionaux comme la Champagne. "Dans l'ensemble des régions, la véraison (maturation des raisins) est hétérogène selon que la parcelle a été gelée ou pas, ce qui devrait conduire à un échelonnement des vendanges", indique enfin la publication du ministère.

Dans le Bordelais, vignoble le plus touché par les intempéries, si la moyenne de perte de récolte est évaluée à 51%, certains viticulteurs ont perdu 80 % voire 100% de leur production. Beaucoup seront donc confrontés à des pertes importantes de chiffre d'affaires et de trésorerie. Certains, vu le faible niveau de récolte auraient même renoncé à vendanger.

D'un point de vu national, Jérôme Despey estime toutefois que cette perte de production ne va pas entrainer de problème de rupture d'approvisionnement du marché intérieur ni de maintien des parts de marché à l'exportation car les stocks sont globalement hauts dans beaucoup de bassins, notamment dans le Bordelais qui a connu une excellente vendange 2016. Il espère aussi que cette petite récolte va favoriser les hausses de prix dans le Languedoc-Roussillon, confronté depuis deux ans à l'érosion des cours de ses IGP et de ses vins sans indications géographiques du fait de la concurrence des vins espagnols. " Il doit y avoir rattrapage des 5 à 10 euros de l'hecto que nous avons perdu ", estime-t-il.

Développer l'assurance

Le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, également secrétaire général de la FNSEA, a de nouveau plaidé pour un "élargissement de l'assurance récolte chez les viticulteurs". Il regrette le manque d'avancée sur deux revendications majeures de la filière : abaisser le seuil de déclenchement de 30 à 20 % de pertes et remplacer la moyenne olympique par les rendements butoirs fixés par les cahiers des charges des appellations. Jérôme Despey estime également qu'il faudrait conditionner les aides OCM à la souscription d'outils de prévention des risques que ce soit l'assurance, l'épargne de précaution ou les VCI (Volumes complémentaires individuels).