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Vins : l'export au temps du coronavirus
Le marché chinois s'ouvre doucement au vin et de nombreux vignobles à travers le monde souhaitent s'emparer de cette forteresse. Dans cette conquête, les vins du Val de Loire ont de nombreux atouts : ils sont diversifiés, attractifs en prix, faciles à déguster. Le 21 juin dernier, ils ont réussi en outre l'exploit de pouvoir être présentés et dégustés à Shanghai, en pleine crise sanitaire mondiale.
Presque 10 000 km les séparent, il est 9 h chez les uns, 15 h chez les autres, ils ne parlent pas la même langue, et pourtant, ils échangent et font du commerce autour d'un verre de vin : un salon des vins d'un nouveau genre a fait se rencontrer 15 vignerons du Val de Loire et une soixantaine d'acheteurs chinois, le 21 juin dernier, à Shanghai, dans les salons du Sofitel Shanghai Hylan.
Si les vignerons et les acheteurs étaient en rendez-vous par visioconférence, planifiés ou non au préalable et accompagnés d'un interprète, les vins, eux, étaient bien présents physiquement à Shanghai. Une cinquantaine de références, issues du Pays nantais, d'Anjou et de Saumur, avaient été expédiées au préalable en Chine : elles ont pu être dégustées, expliquées et même achetées.
Les vins de Loire ont des atouts
Les vins du Val de Loire souhaitent conquérir le marché chinois et son potentiel immense : depuis quelques années, la Chine s'ouvre au vin et au lifestyle qui l'accompagne, et elle est forcément très courtisée par les vignobles du monde entier. Dans cette conquête, les vins ligériens ont des atouts : ils sont diversifiés, faciles à boire, ont souvent des prix attractifs, et « s’associent parfaitement à la gastronomie et à la cuisine chinoises », selon William Li, sommelier chinois. Cet expert en vins est un spécialiste des vins du Val de Loire, pour lesquels il a reçu une accréditation officielle de l'interprofession viticole InterLoire.
Ce 21 juin, alors que les vignerons ligériens dormaient encore, William Li animait une « master class » au Sofitel, formation théorique et pratique de deux heures pour une quinzaine de sommeliers chinois. Une fois initiés aux vins du Val de Loire, ces 15 sommeliers ont, à leur tour, servi d'ambassadeurs aux 15 domaines viticoles qui avaient envoyé leurs vins à Shanghai.
Une forte demande des opérateurs chinois
Comme dans un salon des vins classique, les acheteurs ont pu arpenter les stands aux couleurs de chaque domaine viticole et bénéficier de dégustations commentées. Pour ceux qui souhaitaient entrer en relation avec les vignerons, une quinzaine de stations de réunion accédant à une plate-forme de vidéos de « matchmaking » avaient été installées. Des interprètes chinois-français étaient également présents pour assurer la communication entre vignerons et acheteurs.
Selon William Li, ce salon mi-virtuel, mi-réel a été un franc succès : « La Chine est sortie de la crise sanitaire depuis un an, l’activité est bonne mais les acheteurs locaux ne peuvent rencontrer de nouveaux fournisseurs. C’est la première fois que j’assiste à une dégustation où les acheteurs peuvent commander en ligne en échangeant avec le producteur en France. En temps normal ces opérations prennent plusieurs semaines voire plusieurs mois ».
Des ponts entre la France et la Chine
Exceptionnel en effet dans sa formule et son organisation, cet événement a été rendu possible par la mobilisation de plusieurs acteurs, à commencer par la plate-forme de e-commerce Foodgates, une solution BtoB spécialiste du marché chinois. Elle offre aux opérateurs français des secteurs alimentaires et de l'hôtellerie-restauration des solutions « clé en main » pour aborder ce marché très particulier : ses services vont de l’évaluation de la conformité des produits à la réglementation chinoise, jusqu'à l’encaissement des règlements, en passant par l’édition des étiquettes en mandarin, et, bien sûr, toute la logistique.
Sur l’événement du 21 juin dernier, Foodgates était accompagnée sur place par Mediasia Interactive, l'une des principales agences digitales de Shanghai, qui s'est notamment occupée de la plate-forme de « vidéo matchmaking ». D'autres partenaires ont joué des rôles importants, dans l'organisation et le financement : Food'Loire et la région des Pays de la Loire, pour tous les domaines participants, et la Caisse régionale du Crédit Agricole Anjou Maine, pour les vignerons de son territoire (Anjou-Saumur).
« Faire connaître notre vignoble »
Marie-Françoise Ratron, vigneronne à la tête du Clos des Cordeliers, à Souzay-Champigny (49) fait partie de ceux qui ont bénéficié de ce coup de pouce de la banque verte. « Les subventions nous ont permis de réduire le coût de l'opération, notamment l'abonnement à Foodgates ». La vigneronne a vivement apprécié l'expérience, qui lui a permis de poser des premiers jalons sur un marché où elle n'est « pas encore identifiée ». « J'ai découvert une autre façon de travailler, simple, efficace, adaptée au contexte sanitaire et aux contraintes du pays. Cela nous a fait prendre conscience aussi de la nécessité d'une prospection en amont ».
Même satisfaction pour Patrice Duveau, du Domaine de La Guilloterie, à Saint-Cyr en Bourg (49), qui souligne le professionnalisme des organisateurs de l’événement. « On a tenté notre chance et saisi cette opportunité de pouvoir faire déguster nos vins à des professionnels chinois. Notre vignoble n'est pas encore très connu en Chine, mais des actions comme celles-ci contribuent à notre notoriété. Même si cela n'aboutit pas à des commandes fermes, ce n'est pas inutile ».
Treize autres domaines ligériens ont aussi joué les ambassadeurs de leur Vignoble : Château de Targé, Domaine Armand David, Domaine de Nerleux, Domaine des Fontaines, Domaine des Herbauges, Domaine du Champ Chapron, Domaine du Petit Clocher, Domaine Les Trois Toits, Domaine Poiron Dabin, Famille Lieubeau, La Source du Ruault, Loire Vins Domaine, Vignoble Musset Roullier.