Zones intermédiaires : des pistes pour gagner en compétitivité

Les résultats comptables de plusieurs milliers d’exploitations céréalières de la région Centre-Val de Loire ont été analysés afin de mieux comprendre les raisons de la perte de compétitivité dans les zones intermédiaires. A une meilleure gestion des charges s’ajoute le facteur humain, aussi bien du côté des agriculteurs et agricultrices que du côté des organismes professionnels agricoles qui les accompagnent.

Depuis 2013, la compétitivité des exploitations spécialisées en céréales et oléoprotéagineux (COP) décroche par rapport à d’autres secteurs, en particulier dans les zones à faible potentiel agronomique, dites « zones intermédiaires ». Les raisons sont multiples : aléas climatiques à répétition, baisse des aides PAC, prix bas au cours des dernières années, etc.

Pour analyser ce décrochage, les résultats comptables de 2600 exploitations de la région Centre-Val de Loire ont été passés au crible dans le cadre du projet « Leviers de compétitivité des exploitations COP en région Centre-Val-de-Loire », initié en 2016 par Arvalis et dont les résultats viennent tout juste d’être publiés. Dans les zones de la région à plus faible potentiel (rendement en blé tendre entre 50 et 60 q/ha), le revenu disponible moyen annuel des exploitations pour les années 2013-2014-2015 était de 1 870 €, avec une grande variabilité (entre -17 900 et +39 570 €). Les ingénieurs ont tenté de comprendre d’où provenaient les différences et quels leviers permettaient aux exploitations les plus performantes de mieux s’en sortir.

Les charges de mécanisation et main d’œuvre, qui représentent près de 50% du coût de production du blé tendre, varient de façon importante entre les exploitations ayant le même potentiel. Optimiser ce poste, « c’est développer le nombre de tonnes produites par actif en ayant les charges de mécanisation les plus faibles possibles à l’hectare et donc à la tonne », définit Yannick Carel, ingénieur chez Arvalis. En pratique, cela passe par les coûts d’achat et d’entretien, mais aussi par l’augmentation du nombre d’hectares travaillés par outils, notamment grâce à la mise en place d’assolements en commun ou le développement d’activités de prestation agricole. D’après l’enquête, les exploitations les plus performantes de la région économisent de 20 à 50 €/t sur le couple mécanisation/main d’œuvre par rapport au résultat moyen des exploitations en Centre-Val de Loire.

Côté intrants, l’amélioration de l’efficience passe par l’adaptation des apports d’intrants par rapport au potentiel agronomique des parcelles ainsi qu’au potentiel climatique de l’année. La stratégie « d’apporter la bonne dose au bon endroit et au bon moment » permet, selon les simulations réalisées par Arvalis, une réduction des charges allant de 7 à 9 €/t pour le blé tendre.

L’introduction d’une culture de diversification est également un levier de réduction des charges, bien qu’il dépende largement de l’existence d’un marché et du prix payé. Selon les simulations d’Arvalis, l’introduction de lentilles sur 10% de la SAU d’une ferme « type » de la région (160 hectares, 1,5 actif, assolement colza/blé/orge/tournesol) apporterait un gain potentiel de 30 €/ha.

Le facteur humain joue aussi

Au-delà des analyses comptables, des entretiens ont été réalisés auprès de 60 agriculteurs de la région. Ces enquêtes ont montré que les agriculteurs les plus performants avaient généralement un meilleur niveau de formation et possédaient des compétences inhérentes au chef d’entreprise : avoir une bonne connaissance de son environnement, se fixer des objectifs et suivre leur réalisation, s’adapter aux aléas ou encore avoir un raisonnement économique dans les prises de décision. Pour autant, les enquêtes montrent aussi que ces chefs d’entreprise utilisent encore trop peu certains indicateurs de suivi de gestion tels que les coûts de production, le prix d’intérêt, le seuil de commercialisation ou même marge brute.

Arvalis a également interrogé des conseillers de coopératives, de Chambres d’agriculture, de banques et de centres de gestion de la région Centre-Val de Loire. « La première conclusion qui nous a surpris est que la notion de compétitivité n’est pas du tout partagée de la même façon par les tous les conseillers », note Benoit Tassin, directeur adjoint de la chambre régionale de l'agriculture Centre-Val de Loire. Certains conseillers ne relient pas du tout la compétitivité à l’économie mais uniquement à la technique (au rendement par exemple). Signe que les agriculteurs ne sont pas les seuls à devoir se remettre en cause et que le conseil aussi doit évoluer.

 

>> Retrouvez en vidéo les principaux résultats de cette étude : 

Vidéo détaillée : Action "leviers de compétitivité des exploitations COP"