Loi EGalim : « pour être vertueux, il faut associer bio et local »

Un an après la promulgation de la loi EGalim, seulement 4,5% des approvisionnements de la restauration collective sont issus de l’agriculture biologique ; loin encore de l’objectif de 20% fixé pour 2022. L’Agence bio souhaite sensibiliser la restauration collective à l’importance de l'approvisionnement localement.

En 2018, le marché du bio en restauration collective a atteint 320 millions d'euros d'après une enquête menée par l'Agence bio, dont les résultats ont été publiés lundi 18 novembre. Ce chiffre, en progression de 28% par rapport à 2017, ne représente que 4,5% du marché global de la restauration collective, bien loin encore des 20% attendus pour le 1er janvier 2020 (loi EGalim).

Pour les produits bio les plus plébiscités, se sont sensiblement les mêmes que dans les précédentes enquêtes à savoir 90% de fruits, 82% des légumes et 76% de produits laitiers. Même si plus en retrait, le nombre d'établissements introduisant des viandes fraîches a progressé significativement depuis 2017 ; la part des volailles bio a augmenté de 34% à 41% entre 2017 à 2019 et pour les autres viandes de 32% à 45%.

La restauration collective se met petit à petit en ordre de marche puisque depuis deux ans, la part des restaurants collectifs introduisant du bio a augmenté de 14%. Toutefois, 35% des établissements déclarent ne pas avoir introduit de produits issus de l'agriculture biologique ou en conversion, principalement en raison du surcoût engendré. D'après l'enquête menée par l'Agence bio, en 2020, 22% des établissements projettent d'introduire du bio dans leur restaurant alors qu'ils ne le faisaient pas en 2019, et ce de façon certaine pour 8% d'entre eux.

Bio et local

Cependant, pour le président de l'Agence bio Philippe Henry « on peut dire 20% de bio dans les cantines, mais si les produits bio viennent de Chine, d'Amérique du sud ou des pays de l'Est (...) on aura loupé l'association du bio et du local. » D'après l'enquête menée par l'Agence bio, 72% des produits bio en restauration sont d'origine française dont 50% d'origine régionale, mais encore 20% proviennent d'Europe et 8% hors Union Européenne. Philippe Henry insiste sur l'importance des approvisionnements de proximité afin de bénéficier des « effets positifs » pour l'alimentation et pour l'agriculture. En effet, les demandes en produits issus de l'agriculture biologique et de proximité devraient favoriser le maintien des exploitations ainsi que leur valorisation à l'échelle locale.

D'après les résultats de l'enquête, parmi les établissements de la restauration collective qui introduisent des produits bio, 73% déclarent encourager l'approvisionnement bio de proximité et 83% d'entre eux le font en utilisant le critère de « performances en matière d'approvisionnement direct des produits de l'agriculture » dans leurs appels d'offre, précise l'Agence bio.

 

Méthodologie de l'enquête : Afin de mesurer l'introduction en 2019 des produits bio en restauration collective dans les secteurs de l'enseignement, du travail et de la santé/social, CSA Research a interviewé par téléphone, du 3 au 20 septembre 2019, 1040 établissements de la restauration collective publics comme privés via un fichier de contacts représentatifs du marché fourni par Gira, avec des quotas sur la région pour un redressement des résultats d'enquête afin d'être représentatif des régions, des types d'établissements et de leur secteur d'activité.