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[Sommet] Agri-sentinelles : un réseau de personnes vigilantes lancé en 2019 pour faire face au suicide
Prévu pour 2019, le réseau agri-sentinelles a pour objectif de repérer, alerter et agir les agriculteurs en situation de difficulté. Ce réseau national est né de demandes des professionnels de terrain, qui ne savent pas toujours comment orienter les agriculteurs qu’ils identifient.
Tous les deux jours un agriculteur se donne la mort. Et ce phénomène existe depuis longtemps. La MSA a identifié de nombreux facteurs favorisants comme : la transmission familiale, la complexité du métier, les revenus, les temps sociaux différents, les contrôles, le manque de soin, l'isolement social et bien d'autres. « On a commencé à travailler sur cette question (le suicide, ndlr) dans les années 2000, après la crise de l'ESB » précise le Docteur Jean-Jacques Laplante, médecin du travail à la MSA, pour qui le métier n'est pas une question centrale, même si il y a une sur-suicidité chez les agriculteurs.
De nombreux réseaux dédiés à la prévention du suicide en agriculture sont déjà en place, comme par exemple « Agri'écoute » la plateforme de la MSA. Depuis son lancement en 2011, la MSA recense de 90 à 280 appels par mois. Après un renforcement du dispositif en début d'année, Agri'écoute a vu son nombre d'appels augmenter considérablement. En moyenne 430 appels par mois de mars à août 2018. Et pour Etienne Gangneron, vice-président de la FNSEA, « avec les crises qui se succèdent, les situations difficiles vont probablement se multiplier, surtout en élevage. »
Potentiel de près de 10 000 sentinelles
Prévu pour 2019, l'objectif du réseau agri-sentinelles, n'est pas de se substituer aux dispositifs existants bien au contraire. Son but est d'engager une initiative nationale et complète de prévention. Pour améliorer l'identification des agriculteurs en situation de fragilité, le réseau agri-sentinelles vise à « sensibiliser, former, outiller les femmes et les hommes volontaires qui travaillent au contact des agriculteurs pour s'impliquer dans la prévention du suicide. »
Né de nombreuses demandes de professionnels de terrain, l'Institut de l'élevage (Idele) qui anime le réseau de près de 30 partenaires, a identifié un potentiel de près de 10 000 sentinelles pour repérer et signaler les situations difficiles. Ce réseau national s'appuiera donc sur les plateformes d'écoute existantes mais pas que, puisque ces dernières se heurtent à des difficultés. Outre la méconnaissance des dispositifs, certains agriculteurs sont en posture de repli sur soi et ne décrocheront pas d'eux-même le téléphone.
Outiller et former
La première étape sera donc de répertorier les dispositifs existants sur le terrain pour pouvoir donner toutes les clés aux sentinelles volontaires. Elles seront outillées et formées pour « mieux repérer les agriculteurs qui rencontrent de graves difficultés ou qui sont en détresse psychologique, orienter les agriculteurs pour faciliter leur accès à un dispositif d'accompagnement adapté déjà existant et enfin, développer des attitudes adaptées aux agriculteurs en situation de fragilité et partager ses expériences au sein du réseau agri-sentinelles. » Concrètement, après avoir identifié et signalé la situation, la sentinelle pourra proposer un panel de 4 ou 5 acteurs professionnels par département, qui seront en capacité de prendre le relais. Le réseau agri-sentinelle devra se conformer à un code de bonnes pratiques : ne pas se substituer aux dispositifs existants mais amplifier leur action, ancrer l'action dans une logique de volontariat des sentinelles, intégrer le devoir de respect de la vie privée de l'éleveur et enfin, baliser le rôle des sentinelles qui ne doivent pas devenir des assistants sociaux.
Le réseau agri-sentinelles est financé par Allice et Coop de France.